LE
VASE OU MEURT CETTE VERVEINE (avis de Michelle)
Un livre très déroutant par son écriture, sa forme et son contenu.
La forme : Une séparation forcée de 2 personnes âgées momentanément hébergées par chacun de leurs enfants, provoque un échange épistolaire qui dans un 1er temps : déborde de tendresse, et d'amour et secoue d'émotions le lecteur qui vibre pour ces deux personnages.
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« Je suis toujours bien serré dans mon costume de
chagrin » P.27
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« Les murs ont des échos de stupeur devant ton
absence » P.14
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« J’ai aimé si fort toute ma vie, que j’ai sans
doute vécu au-dessus de mes moyens » P.41
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« Peut être que pour s’occuper du cœur des autres, on est dans
l’obligation de se défaire du
sien.. » etc….
L’écriture : Plus que fluide est très facile à lire..
Le contenu de l’histoire.
L’auteure, à l’aide de mots choisis, pleins de douceur et
de délicatesse, de sensibilité et de poésie, traduit dans un premier temps, l’'amour qui unit ces 2 personnes, et permet aux souvenirs de revivre. On
comprend vite que c’est un amour sans partage, charnel, fusionnel qui dure
encore.
Dans un deuxième temps, les lettres racontent les moments présents, les
échanges houleux ou inexistants avec
leurs enfants ; les relations privilégiées avec les petits-enfants, leurs
sentiments et ressentiments.
Les thèmes abordés :
La vieillesse : sujet de plus en plus exploré par les écrivains qui implique aussi
La maladie, la dépendance, l'éloignement des enfants,
« Le grand âge me répugne, resserré, avilissant. Alors que l’esprit s’élance, le corps se ratatine. Je suis plus lucide qu’à vingt ans, c’est maintenant que je pourrais en profiter, aimer, et jouir de cette faculté de clairvoyance qu’on atteint à grand-peine. L’âme est anéantie par les organes, on ne peut que douter de tout après qu’on a compris cela. »
Les conflits intergénérationnels
Portés par la beauté de l’écriture où l’auteure nous égare…. on ne sent pas venir le drame tel qu’elle nous le décrit. : violent, incestueux, avec la part de folie qui dérange profondément et qui crée le malaise, pénètre vos entrailles, vous fait mal car d'une justesse effroyable, percutante.
Ce que j’en pense :
Ce livre, aux abords doux et sensibles, presque émouvant, est glaçant, et décrit superbement les aléas des couples, et des familles en général.
La personnalité de Zika me sidère, épouvante, stupéfie…. Il n’y a pas assez de mots pour décrire ce que je ressens.
« Comment une mère peut elle rester si indifférente et impassible au désir d’amour de sa fille. Son aveuglement est sans borne. C’est un monstre d’égoïsme qui amène sa fille au bord de la folie sans en être ni émue ni repentante. Cela se confirme devant l’attitude finale qu’elle démontre envers son mari. »
L’auteur a su nous surprendre par cette agression filiale à laquelle on ne s’attendait pas, même si elle est choquante, et nous ébranle. Au moins on est obligé de réagir.
Je suis d’ailleurs très étonnée qu’aucune critique sur Internet, ne mentionne ce fait.
Tout le monde s’épanche sur la vieillesse et ses inconvénients. Personne n’évoque le fait qu’une personne vieillissante peut aussi devenir méchante, exigeante ou tyrannique car tous les défauts sont aussi accentués.
Donc je suis perplexe devant cette histoire qui commence en beauté et termine dans le chaos. La noirceur de la fin venant tempérer l’amour un peu trop idyllique dans lequel nous sommes enfermés dès le départ.
J’ai pourtant aimé, et été passionnée par cette lecture qui se fait d’une traite.