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jeudi 12 novembre 2020

octobre 2020 JOHN STEINBECK

 

Les 3 livres que j’ai lu commencent toujours par une très belle description de paysages, une sorte d’Eden, qui fait rêver. (Anne)


A l’est d’Eden écrit en 1952 par John Steinbeck et  Des souris et des hommes, deux histoires se déroulent  dans la vallée de la Salinas sur le littoral de la Californie du Nord  à l’ouest des Etats Unis. Cette vallée  est parcourue par la Salinas et se trouve entre la Gabilan Range et la Santa Lucia Range. Région agricole, elle est surnommée le «saladier de l’Amérique », où est né John Steinbeck. Cette région fut le théâtre de la Bataille de Natividad en 1846.

Voir la vidéo sur :

https://mercisf.com/fr/2019/10/30/sur-les-traces-de-steinbeck-un-reportage-dans-la-vallee-de-salinas/

 

Dans le film A l’est d’Eden  (4ème partie du livre) le père inventif, tente de trouver un procédé pour garder des salades, il les congèle mais bien sûr elles pourrissent  et il est ruiné .

A l’est d’Eden est l’histoire d’une saga familiale ou deux destinées se croisent, celle de la famille Traskvenue du Connecticut et celle des Hamilton venue d’Ireland.

Malgré l’épaisseur du livre (786 pages), le récit reste captivant. 


Les personnages principaux :

Samuel Hamilton a une famille nombreuse, bien éduquée. Il est agriculteur, intelligent, inventif, serviable. John Steinbeck glisse des éléments autobiographiques dans son livre,  car Samuel Hamilton était son grand-père. La femme de Samuel est bonne, avec des principes moraux très ancrés, elle a une grande influence sur son mari, il y a des passages très drôles à ce sujet. 

Il rencontre Adam Trask qui vient s’installer pas loin. Adam et son frère Charles ne pouvaient plus s’entendre car le père avait une préférence pour Adam  et tout les opposait : Charles était  impulsif, jaloux (voir le couteau offert à son père) alors qu’ Adam était rêveur.

Adam revient chez son père, après un passage dans l’armée, il recueille Cathy prostituée, blessée par son souteneur.  Il ne le sait pas et elle ne lui  dit pas. Elle l’épouse et décide de partir alors qu’elle ne le souhaite pas. Adam ne connait rien au travail de la terre mais il a des projets et Samuel va l’aider pour forer des puits.

Cathy semble reconnaissante au début à Adam, puis elle devient étrange pendant sa grossesse, indifférente, on sent qu’un drame est en préparation. Adam est si heureux, qu’il ne se rend  compte de rien.  Mais Samuel n’est pas à l’aise avec elle, quand il vient aider Adam, il dit que ses yeux semblent inhabités. Quant il l’aidera à accoucher, elle lui mordra la main avec ses petites dents pointues et lui enlèvera un lambeau de chair, il lui dira ‘’je ne vous aime pas ‘’. Elle accouche de jumeaux et les rejette. Elle veut s’en aller, Adam essaye de l’en empêcher mais Cathy le blesse. Elle rappelle le personnage démoniaque de Beloved dans le roman de Toni Morrison (page 257 et258).

Cathy retourne à son  métier de prostituée, chez une tenancière Faye, qui a bonne réputation, c’est le seul endroit où elle se sent bien (passage très humoristique du shérif qui dit  « pour qu’il y ait le calme dans une ville et que les hommes soient bienheureux, il faut  le bien spirituel assuré par la religion et le bien physique assuré par les maisons closes »).

Cathy devenue Kate, devient alors gentille et fait prospérer la maison.  Faye qui dirige la maison close, s’attache à elle comme si c’était sa propre  fille et lui propose de lui donner de l’argent et de quitter ce métier peu valorisant. Kate redevient  méchante  et fait peur à Faye.

Le personnage de Lee au service de la famille Trask qui est sage comme Samuel, ressent aussi cette étrangeté et veut quitter cette famille. A lire page 260, le chagrin éprouvé devant la cruauté de Cathy.

Lee se lie d’amitié avec Samuel  et se confient l’un à l’autre, ils jouent aussi  le rôle de confident et de soutien  auprès d’Adam  (lire la très belle page page 253).

Samuel affirme à Lee qu’il devrait arrêter de parler pidjin  et devrait couper sa natte, mais Lee lui répond que s’ il le faisait , il ne correspondrait plus à l’idée qu’on se fait de lui (préjugés racistes).

Adam élèvera ses enfants seul, ils auront les mêmes problèmes que lui et son frère // Cain et Abel dans la bible.

On voit que certains traits de caractères se transmettent de génération en génération.

John Steinbeck évoque  la fatalité, les secrets de famille, les rêves réussis ou déçus, l’imagination, l’amitié, la tentation  et  l’humain qui n’est jamais satisfait de ce qu’il possède.

Les chapitres qui traitent de l’histoire alternent avec des chapitres où l’écrivain écrit ses réflexions (voir chapitre 10 page 13 - chapitre 17 page 245 : cathy était un monstre, chapitre 19 page 248 sur les bienfaits de l’église et les maisons closes).

Les personnages sont très fouillés et on les imagine, l’écriture est  très riche.

John Steinbeck a dit que c’était son livre le plus abouti.

 

 

 

Des souris et des hommes : on retrouve  le même style de personnages et les mêmes thèmes, identiques à  A l’est d’Eden .

Très beau paysage au départ  (page 7 et 8) d’où émergent deux personnages Georges et Lesnie. Ils sont copains, ils partagent le même pain, bien que différents  physiquement et moralement. Lesnie est grand, fort,  mais simple d’esprit , (il est comparé à un ours quand il boit l’eau avec sa grosse patte), un peu autiste.

Georges est petit et fin sur l’image, bien que cette amitié lui coûte en sacrifices et l’empêche de faire ce qu’il veut, Georges  est attaché à Lesnie, le protège et lui pardonne.  Ils ont été obligés de fuir, car Lesnie a commis un 1e r meurtre, celui-ci aime ce qui est beau et doux mais ne se rend pas compte de sa force et ne fait pas de différence entre une souris et un être humain. Il  a des remords mais trop tard, il  oublie ce qu’il a fait. Ils vont travailler dans la ferme de Curley pour se faire un salaire et pouvoir acheter un lopin de terre.


Autres personnages :

Slim, le sage et le confident dont les paroles ont force de loi.

Crooks, parle de la solitude et dit que les livres ne valent  pas la présence d’un être humain à ses côtés.

Candy, se lie d’amitié avec Georges et Lesnie après la perte de son chien puant, son seul compagnon et rêve avec eux.

Curley, recherche toujours sa femme et crée la dispute.

La femme de Curley est nymphomane, elle drague tous les hommes. Leslie finira par la tuer en voulant au départ caresser ses cheveux mais celui-ci insiste, elle a peur et crie. Lesnie ne peut  supporter ses cris et l’étouffe à cause d’une pulsion qu’il ne peut réfréner (autisme). Georges, pour éviter le lynchage de son ami par les autres saisonniers influencés par Curley, tue ce dernier,  la fin est donc tragique.

Dans sa façon d’écrire et de décrire et par son engagement (reporter pendant la guerre du Vietnam), l’auteur peut être comparé à Zola quand il écrit Germinal.

Les lecteurs du café littéraire ont trouvé ce livre très émouvant.

 

 Au dieu inconnu

Un roman qui date de 1933, traduit en français en 1950. Ce roman est une peinture de la vie dans un ranch californien au début du XXème siècle.  C'est une vitrine de la condition humaine, éternelle ritournelle de Croyances et de Signes.  On "se fabrique des raisons" pour avancer, grandir, croire, aimer. Mais la Nature est maitresse en tout. John Steinbeck excelle à décrire sa grandeur, parfois tragique, toujours implacable. Ses mots sont justes, ses observations poétiques.

Joseph Wayne, ses frères Thomas, Burton et Benjamin exploitent une grande ferme en Californie.


Bien que Joseph ne soit pas l'ainé des frères Wayne, c'est lui que tout le monde reconnait comme le chef de famille. Il est fort, tranquille et juste. C'est à lui que son père a donné sa bénédiction solennelle. Joseph est possédé d'un amour violent, pour sa terre qu'il sillonne jour et nuit à cheval. Il a un tel désir de voir la nature féconde et les animaux se multiplier, qu'il veille au moindre grain de sable dans le fonctionnement de leur propriété verdoyante et prospère.  Il s'épanche sur "le petit poulain avec ses jambes d'araignée, les genoux bosselés et sa queue en balayette". A sa façon, il aime passionnément sa femme, Elisabeth, une ancienne institutrice. "Tu sais, lui dit-elle à la naissance de leur premier enfant, un champ de connaissances nouvelles s'ouvre devant une femme, quand elle porte un enfant". Joseph "n'est pas un homme, ou alors il est tous les hommes" affirme sa belle-sœur qui le vénère. "Il est un reposoir pour un peu de chaque âme humaine et plus encore un symbole de l'âme de la terre". Pourtant, quand arrive des années de sécheresse, quand la terre durcit, que les animaux meurent et que tous les habitants de la région fuient la disette, Joseph tente tout pour infléchir le sort que quelque "Dieu Inconnu" à jeter sur sa famille et son ranch.


La perle

Kino vit avec sa jeune épouse Juana, dans un village de pauvres pêcheurs, dans un pays d'Amérique du Sud. Ils ont un bébé, Coyotito, qui se fait piquer par un scorpion. L’épouse l’emmène chez le docteur et celui-ci ne soigne pas les pauvres.


Kino est pêcheur, il trouve une perle,  "la perle du monde" la plus grosse qu’il existe. Il espère la vendre et devenir riche. De nombreux acheteurs de perles sont attisés par cet achat, mais à bas prix. Kino décide alors de ne plus la vendre. Sa hutte brûle, sa pirogue est défoncée et Kino décide de partir avec sa petite famille vers la capitale. Des pisteurs sont à leur recherche et les traquent pour récupérer la perle. Dans la course poursuite, dans la montagne, le bébé repéré par ses cris est tué. Les parents décident d'abandonner leur projet, de vendre la perle à meilleur prix à la capitale, rentrent au village, et jettent à l'eau cette perle qui ne leur a apporté que du malheur. Kino avait trouvé le moyen d’être riche et il va tout perdre.

A la différence des autres écrits de John Steinbeck, ce livre est court, écrit comme un conte, une allégorie, il  montre les méfaits de la tentation et de la jalousie.

De très beaux paysages sont décrits, beaucoup de réflexions et de poésie, on ressent  l’importance du chant et  des croyances en Amérique du Sud.

La légende de cette perle peut être aussi bien lue par des adultes que par des collégiens.

Dans notre petit cercle de lecture d’octobre, l’avis a été unanime quant à la beauté des écrits de John Steinbeck.