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dimanche 11 août 2019

Seul le grenadier de Sinan ANTOON



(rencontre du 19 /03/2019)

Grâce à Céline et son café littéraire axé sur les auteurs méditerranéens, nous avons découvert cet auteur et ce livre magnifique, très bien traduit par Leila Mansour.

Sinan Antoon est né en 1967 d’un père irakien et d’une mère américaine.

Après des études universitaires à Bagdad, il s’installe aux EU où il obtient un doctorat en études arabes et islamiques à Harvard en 2006, il a alors 39 ans.

Poète, traducteur et romancier, il publie en 2010 à 43 ans Seul le grenadier,
 roman qui lui a valu de nombreux prix dont celui de la littérature arabe en 2017, seule récompense française pour la littérature arabe.

C’est un ouvrage qui tient le lecteur en haleine, à travers un dialogue bouleversant et poétique entre la vie et la mort.

Le roman se passe à Bagdad dans les années 1980/1988 pendant la guerre Iran/Irak, le pays est alors sous la domination de Saddam Hussein, à cette guerre se rajoutent des conflits entre Chiites et Sunnites.

Jawad est le fils cadet d’une famille chiite, son père est thanatopracteur, il lave et prépare les morts pour leur enterrement.  Il espère que Jawad prendra  sa succession, aussi il lui  apprend les rites nécessaires à cette fonction mais Jawad  rêve de devenir sculpteur.

Jawad prend des cours d’art plastique et fait la connaissance de Rim, jeune femme  dont il fait une très belle description à la manière d’un sculpteur, mais pour s’en sortir financièrement, il doit abandonner son rêve et devient peintre en bâtiment.

En 2003, à la mort de son père alors que les bombes américaines s’abattent sur Bagdad, que les corps déchiquetés s’entassent, il est obligé de renoncer définitivement à son rêve de devenir artiste pour reprendre le métier de son père, thanatopracteur.

Il n’oubliera jamais Rim qui s’éloigne de lui sans explications. Un jour, il reçoit une lettre émouvante d’elle qui lui apprend qu’elle est atteinte d’un cancer généralisé et celle-ci coupe tout contact, malgré son amour pour lui.

Pourquoi ce titre Seul le grenadier ? 

Dans la cour attenante à la salle où travaillait son père, poussait un grenadier nourri par l’eau  s’écoulant du lavage des corps décédés. Une rigole conduisait l’eau qui s’écoulait depuis la salle des lavements jusqu’au pied de l’arbre.

Le grenadier était l’incarnation de la vie qui renait après la mort.

Citation de l’auteur :   « Je croyais que la vie et la mort étaient deux mondes différents, je sais maintenant qu’elles sont étroitement unies, elles se sculptent l’une et l’autre, l’une boit dans le verre de l’autre ; mon père le savait, le grenadier le sait parfaitement aussi. »

« Mon cœur est devenu une grenade desséchée. »  


Ce livre pose aussi  la question de comment échapper à son destin. Il a beaucoup plu à l’ensemble des lecteurs, il montre l’importance  et le respect d’un rituel autour de la mort et l’écriture est très poétique.