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vendredi 11 décembre 2015

Didier Goupil le 5 janvier 2016

"Journal d'un Caméléon" Extrait

            « L’homme n’existait pas. Estève voulait bien concéder qu’il existait des individus, des créatures. Mais l’homme, non, il ne connaissait pas. Il ne l’avait jamais vu. Il ne l’avait jamais rencontré ni même aperçu. Et pourtant, toute sa vie, on avait tout fait pour le persuader du contraire. A l’école, à l’armée, aux Beaux-Arts encore où on voulait absolument lui faire croire que la Peinture existait toujours, alors qu’il suffisait d’avoir entendu une fois dans sa vie parler de Marcel Duchamp pour savoir qu’elle était morte et bel et bien enterrée depuis des lustres. Son père, sa mère, les femmes qu’il avait aimées, tous avaient voulu qu’ils soient un homme. L’homme, pensait-il, n’existait pas plus que la pipe de Magritte et cet être dont on lui parlait et qu’il aurait fallu qu’il devienne n’était rien d’autre qu’un uniforme qu’on voulait qu’il endosse pour le brider à volonté.
               Ni Dieu ni Maître. Ni humain ni citoyen, proclamait-il, lui qui n’avait jamais voté et s’était servi dans le temps de sa carte d’identité pour confectionner les filtres de ses joints.
               Il aurait bien voulu être un chien ou un cheval. Il aurait même accepté de bon gré une vie de paon, de papillon ou de hérisson. Mais homme, c’est vraiment parce qu’il n’avait pas eu le choix. Il ne s’était d’ailleurs jamais gêné pour l’être le moins possible. Dès la petite enfance, il avait réclamé des crayons de couleur, des gouaches, des feutres, et depuis il consacrait son temps à peinturlurer le beau costume qu’on voulait lui faire porter.
              À la rigueur, le seul rôle qu’il voulait bien accepter de jouer c’était celui d’Arlequin. »

Jacqueline et notre invité Didier Goupil, auteur toulousain

Marie-Claude et Evelyne

Thérèse et Marie-Claude attentives


Public conquis assurément !