Se réunit une fois par mois environ autour d'un livre ou d'un auteur. Soirées à thème, sorties, invitation d'auteurs...

dimanche 26 mars 2023

 

En février 2023, nous nous sommes lancés en abordant
 la science- fiction à travers les romans de Barjavel , Pierre Boulle, Ray Bradbury
 Georges Orwell,  Victor Dixen 



La science -fiction est un terme général qui regroupe différents genres parmi lesquels l’utopie, la dystopie ou contre utopie qui met en scène une société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste.

La ferme des animaux de Georges Orwell paru en 1946 en est un exemple : les animaux se rebellent contre le fermier qui les exploite et ceci pour gagner leur liberté mais certains animaux à l’image de leur maître prennent le pouvoir et soumettent les autres, recréant un régime totalitaire. Chaque animal est personnifié et on reconnait des hommes de pouvoir comme Karl Marx ; Lénine ,Hitler , Trotski et Staline qui est représenté par le cochon Napoléon .

Ce livre est étudié en français en classe de 3ème en relation avec la seconde guerre mondiale et les régimes dictatoriaux d’Hitler et de Staline étudiés en histoire.

Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a donné naissance à un des 1ers films d’animation en 1954 qui était en réalité un film de propagande anticommuniste financé par la CIA.

La planète des singes paru en 1961 met aussi en scène des animaux.

Parce que les hommes ont utilisé les singes pour les travaux pénibles, ceux-ci ont fini en les copiant par leur devenir supérieurs ; ils prennent le pouvoir et mettent les hommes en cage.

On retrouve là le constant désir d’asservir les plus faibles.

Dans ce roman, Pierre Boulle remet en cause la théorie de l’évolution de Darwin.

Le film qui a suivi a remporté un très grand succès.

Barjavel dans Ravages nous emmène vers l’apocalypse dans un monde privé de toute ressource (eau , électricité, technologie, plastique) et où règne la canicule. Ce monde sombre dans le chaos, au point que les hommes s’entretuent pour survivre. La peste revient comme au moyen âge. Seul le héros avec un petit groupe en réchappe et veut reconstruire un monde nouveau, agricole et sans machine dont il serait le patriarche (allusion à la bible) ; on retrouve encore ce besoin de régner en maître absolu .

Marie-Rose nous a donné envie de lire Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.

451° étant le degré de chaleur où brûle le papier des livres.

Ce livre décrit un monde où toute activité intellectuelle est prohibée en particulier la lecture ; les livres sont brûlés par les pompiers.

Lire est un crime puni de mort, ce à quoi s’expose un pompier qui veut sauver un livre ; il sera dénoncé par sa femme et exécuté.

La dureté du livre est un peu adoucie par Clarisse ,une jeune fille de 17 ans aimant la lecture et qui rencontre Muntag le pompier.

Ecrit en 1953, ce livre évoque le régime d’Hitler et autres dictatures où des livres étaient brûlés car subversifs mais il reste malheureusement encore une réalité dans certains pays de notre monde actuel ou une certaine littérature est condamnée.


Enfin, nous avons découvert Victor Dixen, écrivain français contemporain, auteur de la saga




  Vampyria comprenant 4 tomes. Le 1er, La cour des ténèbres a pour cadre la cour de Louis 14, on parle donc d’uchronie (roman de science- fiction sur fond historique).

Le roi soleil devient le roi des ténèbres, vampire par transmutation ,il règne avec sa cour sur Vampyria ( voir la carte en début de livre ).

Les mortels existent mais sont soumis aux immortels, ils sont saignés en cas de désobéissance et leur sang sert entre- autre à composer les nombreux festins à la cour (voir le menu des immortels très sanglant).

Les parents de Jeanne, l’héroïne  sont des frondeurs et ils sont morts dans d’atroces souffrances, aussi celle-ci décide de les venger . Elle entre comme pupille du roi à la cour sous un nom d’emprunt Diane de Gastefriche ; elle devra passer de nombreuses épreuves pour accéder au rang d’écuyère du roi et pouvoir l’approcher.

Le livre est bien documenté ,on y voit les intrigues de la cour ,captivant , plein d’humour .

Le style est fluide, agréable à lire, à la portée de tous dès l’adolescence.

Ces lectures nous ont appris que des fois le réalité dépasse la fiction !!!

A lire aussi dans ce registre : la nuit des temps de Barjavel  et Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley .

A voir Time out, Bienvenue à Gattaca ( 1997)

                                                                                                                                                           

 

lundi 20 février 2023

Le Siècle de Ken Follett





LE SIECLE  DE  KEN FOLLETT  présenté par Dominique Landes , une de nos lectrices  
le 18 janvier 2023


 

Kenneth Martin Follett dit Ken Follett
Né le 5 juin 1949 à Cardiff est un écrivain gallois spécialisé dans les romans d’espionnage et historiques. Après une licence de philosophie, il travaille en tant que journaliste et publie son premier roman en 1978 qui recevra un prix.
Si on essaie d’expliquer l’efficacité de ses romans historiques :
*la qualité de la documentation historique réunie par toute son équipe.
*son style d’écriture journalistique qui privilégie les descriptions détaillées.
*l’élaboration de la psychologie des personnages avec des rappels.

Son roman le plus lu : les Piliers de la Terre est une saga romanesque sur fond de construction de cathédrales au XII e siècle. Sa technique narrative se rattache à l’écriture du cinéma et des séries télévisées : effets narratifs très visuels, descriptions détaillées, psychologie des personnages, découpage s’accélérant progressivement jusqu’au dénouement final.
La trilogie LE SIECLE est une fresque des temps modernes qui fait passer le lecteur de la première guerre mondiale ( tome 1 la Chute des Géants ) à la seconde ( tome 2 L’hiver du monde ) pour finalement plonger dans l’univers de la guerre froide ( tome 3 Aux portes de l’éternité ).
En nous racontant l’histoire de plusieurs familles russes, allemandes, anglaises et américaines dont les destins s’entremêlent, nous les suivons à travers le tumulte des troubles sociaux, politiques et économiques qui égrènent ce siècle.
L’originalité, c’est la découverte des évènements à travers la perception de plusieurs personnages de nationalités diverses. Chacun vit ces soubresauts, ces difficultés, ces tragédies de façon radicalement différentes. Le ressenti d’un russe ne peut pas être comparé à celui d’un gallois.
J’ai adoré ces livres pour trois raisons :
*Les familles attachantes. Nous partageons leur vie, leurs émotions. Nous les suivons à travers leurs enfants, leurs petits-enfants. Un rappel des personnages par nationalité se trouve au début de chaque volume.
* L’histoire en toile de fond. On est admiratif devant le travail titanesque pour transcrire aussi fidèlement les évènements tragiques du 20 è siècle. Il y a même des détails très précis tels la description d’une affiche,  d’un discours tenu par Churchill. Si on s’interroge sur la différence avec un livre d’histoire : c’est plus léger et l’émotion apportée par le récit permet de mémoriser beaucoup plus d’informations.
*l’étude des mœurs. Tout évolue très rapidement en un siècle. L’auteur décrit le travail des femmes, la condition ouvrière, le traitement des noirs : tous les phénomènes de société qui ont bousculé ce siècle pour le faire avancer.
CONCLUSION :
Mon avis sur cette saga du siècle est indéniablement très positif. Dans cette superbe trilogie on redécouvre tout un volet de notre histoire. Je me suis laissé happer, engloutir par le style léger, le souffle épique contenu dans chaque page. Cette fresque magistrale qui rend compte de la folie du premier conflit mondial m’a éclairé sur les enjeux politiques et les décisions prises à ce moment. C’est de la géopolitique qui explique celle d’aujourd’hui.
A retenir : le plaidoyer pour la démocratie et surtout un profond message d’espoir. Cela dans un style fluide, riche en rebondissements.
TOME 1 : La Chute des Géants
Nous sommes en 1911, les dernières années d’insouciance. Bientôt la guerre va déferler sur le monde. Le livre débute dans les mines galloises où les hommes travaillent dans des conditions terribles face au luxe de l’aristocratie. Cinq familles américaine, russe, allemande, anglaise et galloise vont se croiser, s’aimer, se déchirer au rythme des bouleversements de l’histoire : la première guerre mondiale et la révolution russe.
C’est une gigantesque fresque qui brosse toute la gamme des sentiments humains. Les portraits des personnages sont saisissants. Ce livre se situe entre saga historique et roman d’espionnage avec histoires d’amour et lutte des classes.
TOME 2 : L’hiver du Monde
On retrouve les mêmes familles. L’action se passe entre 1933 et 1945. L’auteur nous entraine dans l’horreur de la 2ème guerre mondiale avec une grande précision des détails. Nous assistons à :
-la guerre d’Espagne
-la montée du nazisme
-les recherches scientifiques sur la bombe atomique
-Pearl Harbor et les batailles du Pacifique
-les excès de la police secrète soviétique
-les jeux dangereux de l’espionnage et du contre-espionnage
-la barbarie nazie
-les atrocités de la prise de Berlin par l’armée rouge
-la création de l’ONU
-les prémices de la guerre froide
L’auteur qui a travaillé avec des historiens adopte une recette qui fonctionne : petites histoires au sein de la grande écrit avec simplicité et profondeur. Ce remarquable travail est rendu possible grâce à une équipe de documentation.
Un regret toutefois pour ce volume surtout : il n’y a pas de famille française. Absence totale de personnages français et absence d’évocation d’ hommes politiques français tel le général de Gaulle.
TOME 3  : Aux Portes de l’Eternité
Le livre retrace de 1960 à 1990 les destinées des enfants et petits-enfants. Ces personnages attachants se débattent au milieu des troubles sociaux, politiques et économiques. L’auteur évoque la lutte pour les droits civiques, la construction du mur de Berlin et ses effets tragiques sur la population de Berlin Est , la guerre du Vietnam, la crise des missiles de Cuba, la guerre froide et la chute du mur de Berlin.
Ce tome m’a particulièrement intéressé parce que trop jeune, j’avais entendu parlé de la majeure partie des évènements sans en connaître les détails. Avec un sens du rythme et du suspense Ken Follett brosse une vision plus réaliste et plus subtile que celle que l’on pouvait avoir alors. Cette compréhension fine de l’actualité de l’époque nous permet de saisir les subtilités de la géopolitique du monde d’aujourd’hui, notamment les répercussions des accords de Yalta.
Ce tome 3 clôt magistralement cette fresque des temps modernes qui est à la fois une saga historique, un roman d’espionnage, une histoire d’amour et un thriller politique.
                                _____________________________
A la suite de cet entretien très intéressant qui nous a donné envie de lire cette trilogie, nous avons partagé une auberge espagnole pour fêter la nouvelle année 



























samedi 14 août 2021

Tuer le fils de Benoit SEVERAC

 

Notre rencontre en Visio conférence du 16 Avril 2021

Bien que né à Versailles en 1966, Benoit  SEVERAC   a grandi dans le Comminges où il situe son premier roman Les Chevelues, au temps des romains. Nous l’avions reçu une première fois à cette occasion, en 2009.

Il vit actuellement à Toulouse où il enseigne l’anglais à l’école vétérinaire, cadre qu’il avait  choisi pour son deuxième roman, Rendez-vous au 10 Avril, qui a remporté deux prix.

Il enseigne également aux futurs diplômés de l’école d’œnologie.

C’est un Touche-à-tout qui, entre autres,  a été gardien de brebis dans le Larzac, professeur de judo, cofondateur d’une fanfare rock-latino-jazz et de l’association des «molards» (motards du polar) et même photographe dans l’armée de l’air, etc.

Déjà connu par ses nouvelles, nous avions pu apprécier et se faire dédicacer  Le Canal aux trousses,  joliment illustré par J.J Gelbart. Il est spécialisé dans la littérature noire et policière pour les adultes comme pour les jeunes.

Son roman Silence a obtenu en 2012 le prix de littérature jeunesse de Balma. Notre deuxième rencontre  avec le concours de la librairie Ellipses de Ramonville.

Dans chacun de ses livres, il accorde une grande importance à la psychologie de ses personnages et aborde des thèmes profonds et touchants, comme la drogue dans Silence, les migrants dans une caravane en hiver et la relation père et fils dans tuer le fils que nous venons d’étudier.

Pour son avant dernier livre écrit en collaboration avec Hervé Jubert Wazhazhe, il s’intéresse aux indiens Osages et a été invité dans leur réserve d’Oklahoma.

Certains de ses romans ont été traduits aux Etats Unis ou adaptés au théâtre.

Tuer le fils

Benoit  SEVERAC a animé des ateliers d’écriture en milieu carcéral. Michelle et Pierre nous ayant fait un compte-rendu  détaillé, nous nous en sommes inspirés.

Cette histoire nous a tous captivés ainsi que les personnages très fouillés, qui de plus, sont très attachants.

On voit vivre Cérisol, commandant de SRPJ de Versailles et ses deux associés, Nicodémo et Grospierres, dans leur vie professionnelle et privée, ce qui les rend très réalistes.

Le fils conducteur est le jeune Matthieu Fabas détenu depuis 13 ans pour un crime homophobe qu’il n’a jamais renié et qu’il a commis pour gagner l’estime de son père, lui-même homophobe.

Après la mort de sa mère dans un accident de voiture, a l’âge de 8 ans, il vit seul avec son père qui ne lui témoigne aucune affection et le méprise.

On apprendra, plus tard dans le roman,  que le père et le fils sont atteints d’une malformation rare, la cryptorchidie, le père s’est fait opérer, mais il n’a pas fait opérer son fils, on peut se demander pourquoi ? Il le traite  de « slip vide », ce qui est odieux ! Peut-être lui renvoie-t’il sa propre image douloureuse de stérilité ? Image qu’il refuse en voulant passer pour un gros dur (voir les références de masculinité  du père « Johnny ! ça, c’est un vrai mec ».

Nous poserons la question à Benoit  SEVERAC.

Le seul moment où Matthieu se rapproche de son père, c’est quand il est à l’arrière de sa moto et qu’il peut s’accrocher à lui. Même ce geste d’affection, son père le refusera. Matthieu comprendra alors, que la distance entre eux,  grandira. 

En prison, Matthieu qui avait commencé un journal intime, participe à un atelier d’écriture animé par l’écrivain Cyril Botinoù. Il raconte sa vie avant la prison comme une fiction et que l’écrivain machiavélique et en mal d’inspiration, finira par s’approprier après de multiples rebondissements.

Le lendemain de la libération de Matthieu Fabas, le commandant Cérisol apprend que le père est de celui-ci est mort  et que ce serait un suicide, vu comme on l’a trouvé, mais Cérisol penche plutôt pour un crime maquillé en suicide  et tout porte à croire que c’est l’œuvre de son fils qui sera de nouveau internée.

C’est grâce à la perspicacité de Grospierres, l’intellectuel de l’équipe que le dossier de Matthieu sera rouvert et celui-ci disculpé.

Nous ne dévoilerons pas le dénouement pour les potentiels lecteurs !

Benoit  SEVERAC sait nous tenir en haleine jusqu’à la fin et nous avons tous eu du mal à refermer ce livre.

Comme le dit  Michelle, c’est du très haut de gamme car très bien documenté, au style fluide, donc facile à lire, ne manquant pas d’humour dans la noirceur du roman.

C’est une étude très juste du milieu carcéral, de la vie au sein d’une brigade avec ses tensions et ses plaisirs (Cérisol abuse des confitures et il aura un souci de diabète) les relations complexes entre père et fils, il évoque l’importance de la masculinité pour certains hommes  et de la non acceptation de l’homosexualité ; de très nombreux aspects de la vie sont abordés.

Comme le dit Pierre, l’auteur a eu une excellente idée d’utiliser le cahier d’écriture de Matthieu pour mieux nous décrire qui est réellement cet homme ; on comprend ainsi quelle fut son enfance, vécue dans une misère affective totale

Merci à Pierre que nous avons eu la chance de compter parmi nous et qui fut visiteur de prison pendant de longues années, il a pu nous éclairer sur ce rôle important pour les détenus.

Ces visiteurs bénévoles concourent à les préparer à une future réinsertion comme le font aussi les correspondants épistolaires du courrier de Bovet. Merci à véronique qui en fait partie de nous avoir parlé de l’association et transmis des exemplaires du courrier.



Le résumé de Michelle

Le roman de Benoît Séverac : « Tuer le fils »…est un livre d'une densité psychologique et émotionnelle intense. Tous les personnages nous captent, du début à la fin.

On suit rétrospectivement le parcours du personnage principal : Mathieu Fabas, durant toutes les étapes de sa vie.

Les personnages secondaires sont également magnifiquement incarnés, tout particulièrement l'inspecteur Cérisol (ainsi que ses deux acolytes policiers) ou son épouse, sportive de haut niveau et aveugle.

 

Le sujet du livre, est le parcours du jeune Mathieu, qui a commis l’assassinat d’un « homosexuel »pour montrer à son père qu'il était un homme. Un meurtre gratuit, considéré comme homophobe, dont il n'a jamais renié les faits. Après 13 ans passés derrière les barreaux, il sort enfin de prison.

Mais le père de Mathieu, est retrouvé mort chez lui, et les soupçons se portent immédiatement sur ce fils, sorti de prison la veille.

 

Des années  de prison supportées notamment grâce à un  atelier d’écriture animé par l’écrivain Cyril Botin.

Cet écrivain, on va le comprendre au fil de l’histoire notamment (P. 57) recherche en fait  une idée pour nourrir son prochain livre. Il est donc dépité lorsque l’un des participants lui annonce qu’il ne reviendra pas, car  « il ne veut pas reparler de ce qu’il a fait, il veut juste oublier ! » Seul Mathieu s’investit à fond.

Dans son journal, on distingue deux parties différentes : en italique : la partie lue à voix haute pendant l'atelier, ou divulguée seulement à l'animateur, et l'autre partie destinée à lui-même.

Les extraits sont superbes, dignes et intenses, et expriment bien toute la détresse du jeune homme.

Cerisol et les autres policiers travaillant sur cette affaire, prendront finalement connaissance de ce journal, et découvriront avec surprise,  le cheminement psychologique de Matthieu : son amertume, sa rancœur envers son père, l'amour qu'il lui porte malgré tout, ses efforts pathétiques pour attirer son attention, leur abyssale différence de perception de la vie.

Pour ma part, les fréquentes félicitations  de Cyril Botin sur les qualités d'écriture du journal de Mathieu, ressemblent à de l’auto congratulation, ce personnage m’a paru douteux dès le début.

Dérangée aussi par sa façon ridicule de revêtir un survêtement  pour « se mettre dans la peau » de son futur personnage : « d'extraction très populaire, un peu façon actors studio, si vous voyez ce que je veux dire » (pages 189 et 190). Puis, pages 196, 197,198  celle de fuir le regard du policier à la question « Qu’y a-t-il dans le journal de M. Fabas que vous ne nous dites pas ? », et sa gêne également à l’annonce du prélèvement de ses empreintes digitales. Des doutes sur lui,  mais aucune preuve.

Il faudra toute la constance et persévérance de Grospierre  pour arriver à trouver la faille chez l’écrivain et l’inculper. A partir de la page 249 plusieurs explications d’événements se font jour.  La maladie de Patrick et Mathieu « cryptorchidie » opération du père, mais pas proposée au fils. Révélation sur l’accident qui a été  fatal à la mère de Mathieu etc… Le dénouement ne m'a pas surprise car il est amené, par de subtils indices, mais horrifiée par la justification de l’écrivain : « Je l’ai fait au nom de la littérature… ».

En résumé, le cœur et l'âme de ce roman,  c'est la relation père-fils et toutes les thématiques qui en découlent : l'éducation, la quête d'identité, la virilité, les normes sociales, le regard sur les différences, lorsqu'on ne ressemble pas à ses parents ou aux autres… C'est la collision de tous ces thèmes qui permet de comprendre le pourquoi intime de Mathieu et les raisons du passage à l'acte. Cela sert également à la résolution de l'enquête. Une fois que le lecteur a compris qui était Mathieu, il sait s'il a pu tuer son père ou pas.


Reste que ce roman noir porteur d'humanité et de lumière, oscillant entre force et sensibilité, est remarquable, du très haut de gamme.

Il se lit facilement, il tient en haleine jusqu’à la fin.


Pour clôturer notre rencontre, Pierre a répondu aux diverses questions sur l'activité de "visiteur de prison. Quel débat intéressant !

visiteur de prison


visiteur de prison





















samedi 15 mai 2021

Serge JONCOUR son roman Nature Humaine

 

une rencontre en Visio conférence en MARS 2021

 

Biographie de Serge Joncour

Né en 1961 à Paris d’une famille lotoise, Serge Joncour  a pratiqué de nombreux métiers et a beaucoup voyagé.

Il s’est lancé dans l’écriture après un court séjour en faculté de philosophie.

Il publie son  1er roman  Vu  en 1998, à 37 ans, puis L’idole qui sera adapté au  cinéma en 2012. Cette même année, il écrit le scénario  Elle s’appelait Sarah,  roman de Tatiana de Rosnay.

En 2015, son roman L’écrivain national  reçoit un prix et en 2016, Repose toi sur moi  reçoit le prix Interallié. Avec le titre Chien-loup, il  a reçu le prix du roman écologique.

Avec  son dernier Livre Nature Humaine, il reçoit le prix Femina en 2020.

Ses livres sont traduits dans quinze  langues.

Les photos de S. Joncour  montrent  un homme bien  sympathique, on l’imagine ermite, bûcheron, homme des bois. Les vidéos montrent son attachement à la terre du lot, cette terre qu'il décrit si bien dans  ses livres.  Son souci est de préserver la nature qui nous entoure.

 



 

 

L’Ecrivain National     -publié le 27/08/2014-

Dans ce livre, S. Joncour  déroule une histoire à haute tension à la Chabrol et l’assassin ne sera pas celui qu’on croit.

Le héros de l’histoire, écrivain national et prénommé Serge comme l’auteur, s’installe en résidence dans une petite ville du centre de la France, où il est invité par un couple de libraires.  Il doit promouvoir  la région et animer des ateliers d’écriture. Il découvre un fait divers dans la gazette locale, un vieux maraîcher très riche à la retraite a disparu, un jeune couple de marginaux est soupçonné de meurtre. 


La photo de Dora, parue dans le journal,  le fascine et il va mener  sa propre enquête,  dans l’espoir de se rapprocher de cette magnétique jeune femme, sous le regard suspicieux  des habitants.  Tous les personnages qui gravitent autour de l’écrivain sont très bien campées, particulièrement les libraires, le maire, l’hôtelière, Dora, etc.

Ce roman facile à lire et très vivant,  est rempli de scènes cocasses comme celle de l’atelier d’écriture pour les illettrés et celle des obligations, auxquelles l’écrivain doit se soumettre. S. Joncour  souligne que le fait divers est le point de départ pour de nombreux écrivains, ils mélangent leur vécu et la fiction, c’est pourquoi, on qualifie leur ouvrage d’autofiction.

 

 

Nature Humaine   -paru le 19/08/2020- 

Ce roman couvre trois décennies de notre vie commune, de l'été 1976 et sa grande sécheresse, à l'aube de l'an 2000, lors de la terrible tempête du dernier Noël du siècle. Pour l'auteur, cet événement commun fut perçu comme un signe et l'idée de ce roman lui est apparue.

Alexandre a grandi dans la ferme familiale qu'il va reprendre à son compte, aidé d'un baccalauréat agricole. Ses trois sœurs sont parties vers les grandes villes et vers des métiers  intellectuels ou culturels.

Nature humaine parle d'une mutation de la société, de combats d'hommes et de femmes pour sauver la campagne française tout en espérant un modèle social nouveau. S. Joncour nous rappelle les luttes pour préserver le Larzac, les oppositions au nucléaire, en particulier à la construction de la centrale de Golfech, combats où Alexandre se trouve mêlé malgré lui. Et puis il y a Constanze, cette jeune étudiante allemande de l’est, dont il tombe amoureux et qu'il retrouve de temps à autre. Constanze  rêve d'un monde meilleur jusqu'à s'engager dans l'humanitaire. 


Chaque période décrite, apporte  son lot de souvenirs qui parlent à chacun : les grandes surfaces juste sorties de terre (Mammouth qui écrase les prix) et qui allaient provoquer une mutation sociétale énorme jusqu'à pousser les exploitations agricoles à s'agrandir et à s'endetter, les meetings de Mitterrand jusqu'au soir de son élection, le Minitel, l'odeur de patchouli de Constanze, les glaces Kimpouss qui coulaient sur nos doigts poisseux, le jambon sous plastique qui remplaça celui goûteux que l'on faisait à la ferme, le développement des autoroutes et leurs conséquences à l'échelle humaine, la catastrophe de Tchernobyl, ...  Donc, la promesse d'un monde nouveau plus joyeux qui s'amenuise au fur et à mesure que l'an 2000 approche.

S. Joncour  montre également la fracture entre la ville et la campagne,  il interroge les choix politiques ou sociétaux qui ont été faits sans prendre parti. Pour lui, nos émotions viennent d'un savant mélange entre notre vécu intime et celles suscitées par les événements du monde.... Et ce roman fait remonter les deux dans la conscience du lecteur.

Extraits :

1/ (page 191) «Juste avant vingt heures, le silence se fit sur le plateau, et là il y eut un décompte comme pour les fusées de cap Canaveral. Ensuite le sommet d'un crâne commença de se dessiner comme sur l'écran d'un Minitel, une calvitie qui pouvait être aussi bien de gauche que de droite, pendant deux secondes, la France resta le cul entre deux chauves, et finalement c'est le visage de François Mitterrand qui apparut, constitué de milliers de petits points électroniques, bleus, blancs, rouges. Dans la maison, tout comme à la télé, il y eut un blanc. Un silence. Puis très vite l'image bascula sur une caméra qui devait être en direct rue de Solferino, et là, pour le père ce ne fut plus supportable de voir ça, cette ébriété qui collait à tous les visages, des hilares encombrés de rose qui se mettaient à s'embrasser, se piquant sans doute avec les épines, s’étreignant en se faisant mal. Le père se leva pour éteindre la télé mais Vanessa et Agathe voulaient regarder, tout comme la mère d'ailleurs, qui disait qu'on n'en est plus à une catastrophe près. Le père referma la petite porte des commandes de la télévision, comme s'il voulait en voler la clé, puis, de dépit, il baissa juste le son et sortit dans la cour. » 

2 /  (page 257) «Édouard ne dit plus rien. Il ne s'était jamais figuré cela en roulant sur une autoroute, il n'avait jamais pensé aux milliers de petits désastres que ça avait dû occasionner, chaque kilomètre d'autoroute recouvrait mille drames, des fermes coupées en deux, des exploitants expulsés, des forêts déchirées en deux et des maisons sacrifiées, des chemins coupés net et des rivières détournées, des nappes phréatiques sucées... Alors il en resta là, mais surtout il ravala la réflexion qu'il s'était faite tout le long de l'interminable nationale 20, et ensuite en roulant sur ces petites route, parce que c'est tout de même un sacré parcours de venir depuis Paris jusqu'ici, et une autoroute ça ne ferait pas de mal à la région, voilà ce qu'il s'était dit. »

                                                                                                                      Corinne

 

Anne rajoute un argumentaire sur le roman Nature Humaine :

Souvenirs malheureux qui me reviennent à la mémoire :  le Larzac, la marée noire de l’Erika, le début du SIDA,  etc.

Mais aussi les souvenirs heureux  :  les pattes d’éph,  les maxi-manteaux pour ce qui est de la mode, pour les odeurs, le patchouli et le santal, les speakers de l’époque (Claude Sérillon et Bernard Rapp), les indicatifs TV, les séries TV (l’homme à la péniche, Arsène Lupin, chapeau melon et bottes de cuir), les tubs sur lesquels on a dansé (CarelessWhisper de Georges Michaël  cité dans le roman), les groupes (Nirvana, Pink Floyd),  les meubles en formica  qui reviennent à la mode (vintage), etc.

Les progrès : naissance de l’Europe et du libéralisme, les premiers pas de l’homme sur la lune en 1969.

Les dérives : la course à la mondialisation avec le développement de la culture intensive et les animaux élevés en batterie, les veaux aux hormones.

Ce roman est  très agréable à lire, très bien documenté. Il est agrémenté de passages très drôles (histoire du taureau page 247).


 

Des passages  réalistes, émouvants et poétiques (voir le passage sur l’oncle Lucien  pages 98/99 et la promenade de la mère dans ses terres pages 138/140). Ce roman est à la fois  une ode à la nature et à l’humain d’où son beau titre. Comme dans ses autres romans, on retrouve le même genre de personnages attachés à leur terroir. S. Joncour dit lui-même à propos de Nature humaine que  si le livre était sorti l’année d’avant,  on n’aurait vu qu’un type qui travaillait la terre dans une campagne à laquelle on ne faisait pas trop attention, alors que, avec le confinement, il prend une autre dimension, on s’immerge dedans avec une soif de retour à la terre.

 

 L’Amour sans le faire  -publié le 22/08/2012-

 Après dix ans d’absence, Franck revient  à la maison de ses parents. Il quitte la ville pour retourner vers son passé, sa campagne natale dans le Lot. L’histoire se déroule dans cette ferme perdue au beau milieu d’une région vouée à l’agriculture et dont on devine que les lendemains  seront difficiles.

«On ne refait pas sa vie, c’est juste l’ancienne sur laquelle on insiste», pense Franck en arrivant à la ferme.

 Il y retrouve sa belle-sœur, Louise, femme de son jeune frère Alexandre (mort dans un accident de chasse.) qui vient de s’y rendre elle aussi, pour retrouver  son fils, Alexandre, (petit être prénommé ainsi en mémoire d’Alexandre son père) qui habite avec ses grands-parents à l’année.  


L’été sa mère vient comme prévu le retrouver.  C’est  Alexandre, le moteur du roman, en reliant  tous les personnages. Il tient une place essentielle dans le livre. Sa présence, permet d’apaiser les dissensions entre eux. Ce n’était donc  pas prévu,  qu’au même moment, et sans prévenir personne, cet oncle Franck décide de venir renouer avec ses racines.

Ce retour au passé après sa rupture, révèle un conflit de génération avec son père. Le fils qui devait reprendre la ferme étant décédé, c’est à lui, Franck, de la reprendre. Mais Franck est sorti du schéma familial, il est parti de la ferme. Sauf que, lorsque l’on sort du schéma familial, cela relève de la trahison affective, sociale et historique. Les deux hommes sont dans l’incapacité de communiquer, de partager. La reprise du contact est impossible entre les deux. L’absence de verbalisation empêche toute cicatrisation.

 Le jeune frère décédé, a laissé des empreintes dans chaque pièce et toute cette  famille nostalgique, semble  prostrée et figée dans le souvenir. Chacun y  cherche ses marques  dans les gestes du quotidien.

 Le temps a passé, la ferme familiale a vieilli, mais ces retrouvailles inattendues vont bouleverser le cours des choses. Franck et Louise abîmés par la vie, se parlent peu, mais semblent se comprendre. 

(Extrait du livre, page 221) « Ne pas pouvoir s’aimer, c’est peut-être encore plus fort que de s’aimer vraiment (…) l’amour sans y toucher, l’amour chacun le garde pour soi, comme on garde soi sa douleur, une douleur ça ne se partage pas, une douleur ça ne se transmet pas par le corps, on n’enveloppe pas l’autre de sa douleur comme on le submerge de son ardeur. C’est profondément à soi une douleur. L’amour comme une douleur, une douleur qui ne doit pas faire mal. ».

Dans le silence de cet été chaud et ensoleillé, autour de cet enfant de cinq ans, «insister» finit par ressembler, tout simplement, à la vie réinventée.

 J’ai lu ce roman en une nuit, tant l’écriture est  facile et fluide. J’ai bien aimé cette histoire  à la fois simple  et complexe vu le contexte,  mais aussi délicate, toute en nuances et émotions. Pudique, sensuel, profondément humain, S. Joncour  dépeint en finesse et avec beaucoup de tendresse l’âme humaine qui s’éveille à la vie,  un amour non réalisé mais ressenti  jusqu’au plus intime. Il nous fait pénétrer dans l’univers brûlant des sentiments retenus.

Conclusion : Quel bonheur d’avoir pu découvrir cet auteur, nous attendons avec impatience la suite des aventures d’Alexandre.

                                                                                                                             Michelle





jeudi 12 novembre 2020

octobre 2020 JOHN STEINBECK

 

Les 3 livres que j’ai lu commencent toujours par une très belle description de paysages, une sorte d’Eden, qui fait rêver. (Anne)


A l’est d’Eden écrit en 1952 par John Steinbeck et  Des souris et des hommes, deux histoires se déroulent  dans la vallée de la Salinas sur le littoral de la Californie du Nord  à l’ouest des Etats Unis. Cette vallée  est parcourue par la Salinas et se trouve entre la Gabilan Range et la Santa Lucia Range. Région agricole, elle est surnommée le «saladier de l’Amérique », où est né John Steinbeck. Cette région fut le théâtre de la Bataille de Natividad en 1846.

Voir la vidéo sur :

https://mercisf.com/fr/2019/10/30/sur-les-traces-de-steinbeck-un-reportage-dans-la-vallee-de-salinas/

 

Dans le film A l’est d’Eden  (4ème partie du livre) le père inventif, tente de trouver un procédé pour garder des salades, il les congèle mais bien sûr elles pourrissent  et il est ruiné .

A l’est d’Eden est l’histoire d’une saga familiale ou deux destinées se croisent, celle de la famille Traskvenue du Connecticut et celle des Hamilton venue d’Ireland.

Malgré l’épaisseur du livre (786 pages), le récit reste captivant. 


Les personnages principaux :

Samuel Hamilton a une famille nombreuse, bien éduquée. Il est agriculteur, intelligent, inventif, serviable. John Steinbeck glisse des éléments autobiographiques dans son livre,  car Samuel Hamilton était son grand-père. La femme de Samuel est bonne, avec des principes moraux très ancrés, elle a une grande influence sur son mari, il y a des passages très drôles à ce sujet. 

Il rencontre Adam Trask qui vient s’installer pas loin. Adam et son frère Charles ne pouvaient plus s’entendre car le père avait une préférence pour Adam  et tout les opposait : Charles était  impulsif, jaloux (voir le couteau offert à son père) alors qu’ Adam était rêveur.

Adam revient chez son père, après un passage dans l’armée, il recueille Cathy prostituée, blessée par son souteneur.  Il ne le sait pas et elle ne lui  dit pas. Elle l’épouse et décide de partir alors qu’elle ne le souhaite pas. Adam ne connait rien au travail de la terre mais il a des projets et Samuel va l’aider pour forer des puits.

Cathy semble reconnaissante au début à Adam, puis elle devient étrange pendant sa grossesse, indifférente, on sent qu’un drame est en préparation. Adam est si heureux, qu’il ne se rend  compte de rien.  Mais Samuel n’est pas à l’aise avec elle, quand il vient aider Adam, il dit que ses yeux semblent inhabités. Quant il l’aidera à accoucher, elle lui mordra la main avec ses petites dents pointues et lui enlèvera un lambeau de chair, il lui dira ‘’je ne vous aime pas ‘’. Elle accouche de jumeaux et les rejette. Elle veut s’en aller, Adam essaye de l’en empêcher mais Cathy le blesse. Elle rappelle le personnage démoniaque de Beloved dans le roman de Toni Morrison (page 257 et258).

Cathy retourne à son  métier de prostituée, chez une tenancière Faye, qui a bonne réputation, c’est le seul endroit où elle se sent bien (passage très humoristique du shérif qui dit  « pour qu’il y ait le calme dans une ville et que les hommes soient bienheureux, il faut  le bien spirituel assuré par la religion et le bien physique assuré par les maisons closes »).

Cathy devenue Kate, devient alors gentille et fait prospérer la maison.  Faye qui dirige la maison close, s’attache à elle comme si c’était sa propre  fille et lui propose de lui donner de l’argent et de quitter ce métier peu valorisant. Kate redevient  méchante  et fait peur à Faye.

Le personnage de Lee au service de la famille Trask qui est sage comme Samuel, ressent aussi cette étrangeté et veut quitter cette famille. A lire page 260, le chagrin éprouvé devant la cruauté de Cathy.

Lee se lie d’amitié avec Samuel  et se confient l’un à l’autre, ils jouent aussi  le rôle de confident et de soutien  auprès d’Adam  (lire la très belle page page 253).

Samuel affirme à Lee qu’il devrait arrêter de parler pidjin  et devrait couper sa natte, mais Lee lui répond que s’ il le faisait , il ne correspondrait plus à l’idée qu’on se fait de lui (préjugés racistes).

Adam élèvera ses enfants seul, ils auront les mêmes problèmes que lui et son frère // Cain et Abel dans la bible.

On voit que certains traits de caractères se transmettent de génération en génération.

John Steinbeck évoque  la fatalité, les secrets de famille, les rêves réussis ou déçus, l’imagination, l’amitié, la tentation  et  l’humain qui n’est jamais satisfait de ce qu’il possède.

Les chapitres qui traitent de l’histoire alternent avec des chapitres où l’écrivain écrit ses réflexions (voir chapitre 10 page 13 - chapitre 17 page 245 : cathy était un monstre, chapitre 19 page 248 sur les bienfaits de l’église et les maisons closes).

Les personnages sont très fouillés et on les imagine, l’écriture est  très riche.

John Steinbeck a dit que c’était son livre le plus abouti.

 

 

 

Des souris et des hommes : on retrouve  le même style de personnages et les mêmes thèmes, identiques à  A l’est d’Eden .

Très beau paysage au départ  (page 7 et 8) d’où émergent deux personnages Georges et Lesnie. Ils sont copains, ils partagent le même pain, bien que différents  physiquement et moralement. Lesnie est grand, fort,  mais simple d’esprit , (il est comparé à un ours quand il boit l’eau avec sa grosse patte), un peu autiste.

Georges est petit et fin sur l’image, bien que cette amitié lui coûte en sacrifices et l’empêche de faire ce qu’il veut, Georges  est attaché à Lesnie, le protège et lui pardonne.  Ils ont été obligés de fuir, car Lesnie a commis un 1e r meurtre, celui-ci aime ce qui est beau et doux mais ne se rend pas compte de sa force et ne fait pas de différence entre une souris et un être humain. Il  a des remords mais trop tard, il  oublie ce qu’il a fait. Ils vont travailler dans la ferme de Curley pour se faire un salaire et pouvoir acheter un lopin de terre.


Autres personnages :

Slim, le sage et le confident dont les paroles ont force de loi.

Crooks, parle de la solitude et dit que les livres ne valent  pas la présence d’un être humain à ses côtés.

Candy, se lie d’amitié avec Georges et Lesnie après la perte de son chien puant, son seul compagnon et rêve avec eux.

Curley, recherche toujours sa femme et crée la dispute.

La femme de Curley est nymphomane, elle drague tous les hommes. Leslie finira par la tuer en voulant au départ caresser ses cheveux mais celui-ci insiste, elle a peur et crie. Lesnie ne peut  supporter ses cris et l’étouffe à cause d’une pulsion qu’il ne peut réfréner (autisme). Georges, pour éviter le lynchage de son ami par les autres saisonniers influencés par Curley, tue ce dernier,  la fin est donc tragique.

Dans sa façon d’écrire et de décrire et par son engagement (reporter pendant la guerre du Vietnam), l’auteur peut être comparé à Zola quand il écrit Germinal.

Les lecteurs du café littéraire ont trouvé ce livre très émouvant.

 

 Au dieu inconnu

Un roman qui date de 1933, traduit en français en 1950. Ce roman est une peinture de la vie dans un ranch californien au début du XXème siècle.  C'est une vitrine de la condition humaine, éternelle ritournelle de Croyances et de Signes.  On "se fabrique des raisons" pour avancer, grandir, croire, aimer. Mais la Nature est maitresse en tout. John Steinbeck excelle à décrire sa grandeur, parfois tragique, toujours implacable. Ses mots sont justes, ses observations poétiques.

Joseph Wayne, ses frères Thomas, Burton et Benjamin exploitent une grande ferme en Californie.


Bien que Joseph ne soit pas l'ainé des frères Wayne, c'est lui que tout le monde reconnait comme le chef de famille. Il est fort, tranquille et juste. C'est à lui que son père a donné sa bénédiction solennelle. Joseph est possédé d'un amour violent, pour sa terre qu'il sillonne jour et nuit à cheval. Il a un tel désir de voir la nature féconde et les animaux se multiplier, qu'il veille au moindre grain de sable dans le fonctionnement de leur propriété verdoyante et prospère.  Il s'épanche sur "le petit poulain avec ses jambes d'araignée, les genoux bosselés et sa queue en balayette". A sa façon, il aime passionnément sa femme, Elisabeth, une ancienne institutrice. "Tu sais, lui dit-elle à la naissance de leur premier enfant, un champ de connaissances nouvelles s'ouvre devant une femme, quand elle porte un enfant". Joseph "n'est pas un homme, ou alors il est tous les hommes" affirme sa belle-sœur qui le vénère. "Il est un reposoir pour un peu de chaque âme humaine et plus encore un symbole de l'âme de la terre". Pourtant, quand arrive des années de sécheresse, quand la terre durcit, que les animaux meurent et que tous les habitants de la région fuient la disette, Joseph tente tout pour infléchir le sort que quelque "Dieu Inconnu" à jeter sur sa famille et son ranch.


La perle

Kino vit avec sa jeune épouse Juana, dans un village de pauvres pêcheurs, dans un pays d'Amérique du Sud. Ils ont un bébé, Coyotito, qui se fait piquer par un scorpion. L’épouse l’emmène chez le docteur et celui-ci ne soigne pas les pauvres.


Kino est pêcheur, il trouve une perle,  "la perle du monde" la plus grosse qu’il existe. Il espère la vendre et devenir riche. De nombreux acheteurs de perles sont attisés par cet achat, mais à bas prix. Kino décide alors de ne plus la vendre. Sa hutte brûle, sa pirogue est défoncée et Kino décide de partir avec sa petite famille vers la capitale. Des pisteurs sont à leur recherche et les traquent pour récupérer la perle. Dans la course poursuite, dans la montagne, le bébé repéré par ses cris est tué. Les parents décident d'abandonner leur projet, de vendre la perle à meilleur prix à la capitale, rentrent au village, et jettent à l'eau cette perle qui ne leur a apporté que du malheur. Kino avait trouvé le moyen d’être riche et il va tout perdre.

A la différence des autres écrits de John Steinbeck, ce livre est court, écrit comme un conte, une allégorie, il  montre les méfaits de la tentation et de la jalousie.

De très beaux paysages sont décrits, beaucoup de réflexions et de poésie, on ressent  l’importance du chant et  des croyances en Amérique du Sud.

La légende de cette perle peut être aussi bien lue par des adultes que par des collégiens.

Dans notre petit cercle de lecture d’octobre, l’avis a été unanime quant à la beauté des écrits de John Steinbeck.