Se réunit une fois par mois environ autour d'un livre ou d'un auteur. Soirées à thème, sorties, invitation d'auteurs...

samedi 30 mars 2013

Frédérique Martin en janvier et les écrivaines féministes en février


En janvier, nous avons eu le plaisir d’être invités par la biblio de St-Orens pour écouter F.Martin  parler de son livre « le vase ou meurt cette verveine » titre tiré du très beau poème de  Sully Prudhomme ‘’le vase brisé’’.
Il s’agit d’un roman épistolaire qui met en scène un vieux couple encore très amoureux , Joseph et Zika.
Zika étant malade et devant se faire soigner se voit contrainte de séjourner à Paris chez sa fille tandis que Joseph va chez son fils .
Au fil des lettres échangées entre les époux, la passion originelle de l’un pour l’autre se transforme au contact de leurs enfants, en reproches réciproques au sujet de leurs relations parents-enfants qui ont pâti de leur amour passionnel et exclusif.
Une très belle écriture fluide et poétique, une fin jugée trop dramatique par certains.
‘’Nous aussi,  avec mon mari, avons connu cette complicité à travers de petits gestes tendres tout au long de notre vie  ‘’ Paulette



 Aujourd’hui ou l’égalité hommes-femmes n’est pas encore atteinte, notre KF littéraire de février portait sur l’émancipation des femmes à travers des écrivaines .

Nous avons accueilli à cette occasion,  au ccas, le ‘’jardin des palabres ‘’ KF littéraire autour des lectures du bassin méditerranéen  qui se tient sur la péniche Salammbô où nous nous déplaçons aux beaux jours .
Anne nous a parlé d’Olympe de Gouges (1748-1793)

Auteur de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils (divorce) et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des noirs. Elle proposait également un impôt sur le luxe, de créer des maisons pour les chômeurs,  les sans- abris, des maternités, etc idées avant - gardistes
Une association O de G existe à Toulouse, dans le quartier St Cyprien : elle accueille, héberge et met en œuvre des activités propres à favoriser l’insertion sociale et professionnelle des femmes.
Jacques a évoqué Benoite Groult à travers son livre ‘’Ainsi soit-elle’’

Essai sur la condition des femmes à travers l’histoire et les civilisations, qui a connu un succès mondial. BG y parle entre autres de la coutume barbare toujours vivace de l’excision, des luttes féminines pour obtenir le droit de vote en 1945, le droit à la contraception en 1974 et le droit à l’IVG en 1975 (loi Veil).

BG a écrit d’autres romans sur le même thème ainsi que des biographies sur Olympe de Gouges et Pauline Rolland .
Michelle s’est essayée à lire ‘’le 2 ème sexe’’ de Simone de Beauvoir

Œuvre à teneur philosophique, riche de références littéraires,  historiques, sociologiques, biologiques et médicales.

Son credo : aucune femme n’a de destin tracé, leur émancipation réussira grâce à la volonté solidaire des hommes et des femmes.

Trop de références souvent compliquées et ennuyeuses a trouvé Michelle  .

Gisèle Halimi nous a été présentée par Thérèse à travers ‘’La Kahina’’ femme chef de guerre judéo berbère,  figure féminine de la résistance qui a bercé son enfance. 

Gisèle Halimi,  avocate d’origine tunisienne s’est fait connaître en1972, en défendant une mineure qui s’était fait avorter après un viol, procès de ‘’Bobigny’’ au retentissement considérable qui a contribué à l’évolution vers la loi Veil.
Christiane a évoqué l’histoire vraie de ‘’Jamais sans ma fille ‘’ de Betty Mahmoody

Trois lectrices du Jardin des palabres  nous ont fait connaître ‘’une femme ‘’ de Sibilla Aleramo’’ autofiction sur une femme qui se rebelle contre la position de la femme dans la  société de cette époque (début 20 ème s)

‘’Syngue Sabour ‘’ ou ‘’pierre de patience’’ de de Atiq Rahimi  qui vient d’être mis à l’écran a été également évoqué.
Marie- Claude, nouvelle lectrice, nous a parlé de Marie Talabot, aveyronnaise du 19 ème siècle, qui malgré son ascension sociale, n’a jamais renié son origine paysanne, et de la  grande Colette qui était une femme très libre pour son époque.

Pour illustrer ce thème ,  nous avons pu voir à Studio 7  le film  ‘‘la source des femmes ‘’ 

                                               Anne et Marie–Hélène

  


lundi 4 mars 2013

Coups de coeur du Café des Palabres, de Marie-Claude et de Thérèse



Coup de cœur Marie- Claude

Marie Talabot

Une Aveyronnaise dans le tourbillon du XIXe siècle de Louis Mercadié

Editeur : Rouergue 
Louis Mercadié propose ici un voyage passionnant à travers la vie d'une femme injustement dénigrée par les siens. Le parcours de Marie nous est conté de manière très vivante. Tout en s'appuyant sur un travail de recherche bien documenté, l'auteur parvient à établir un essai romanesque qui tient en haleine le lecteur. Ce dernier imagine ainsi aisément les différences entre la vie des sociétés rurales et celle de la haute bourgeoisie du XIXe siècle. Il comprend aussi les liens qui les unit. Marie Talabot, malgré son ascension sociale hors norme, n'oublia jamais ses origines et fut présente auprès des siens chaque fois qu'elle en eut la possibilité. Elle fut également une réelle conseillère pour son compagnon. C'est cette image que je retiendrai, celle d'une femme qui a su s'affirmer en un XIXe siècle très misogyne. Cet ouvrage est à découvrir, à redécouvrir et à faire partager au plus grand nombre. Félicitations à Louis Mercadié


La vagabonde de Colette

Coup de cœur Thérèse


La Kahina de Gisèle Halimi

Est-ce un ouvrage historique ? Est-ce un roman ? Un roman historique ? Le lecteur est désemparé dès qu’il plonge dans l’ouvrage que Gisèle Halimi a consacré à la grande héroïne judéo berbère. Si l’on comprend bien l’intérêt de l’avocate féministe – par ailleurs juive et née en Tunisie – pour cette figure féminine de résistance, la gêne s’installe au fur et à mesure de la lecture, face à l’impossibilité de l’auteur de choisir un genre littéraire et de s’y tenir. Alors que le destin légendaire de cette femme intrigue, que son altière figure fascine, que viennent faire au milieu d’une description de paysages, ou de la relation de ses amours, telle ou telle note savante de bas de page ? La traduction de tel mot berbère ? Le nom romain de tel lieu présenté sous son nom berbère ? Faits avérés (peu), légendes (nombreuses), mémoires concurrentes (juive, berbère) s’entremêlent, laissant le lecteur face à un dossier ruisselant d’érudition savante (il ne compte pas moins de 8 pages de références bibliographiques), alors que nous suivons la guerrière en train de se maquiller, de se préparer à recevoir son amant, ou en train de commander à ses hommes.
 Pourquoi un roman de la célèbre avocate féministe sur cette héroïne ? Et même pourquoi un roman de plus sur elle ? Celui de Gisèle Halimi vient en effet après ceux de Roger Ikor, de Didier Nebot1 et de quelques autres encore. Peut-être parce que plus que l’essai historique, le roman permet de combler les zones obscures par l’imagination ; et aussi parce que l’identification à l’héroïne, l’empathie manifeste de l’auteure pour la chef de guerre, pour la femme indépendante, permettent, plus qu’un essai rigoureux, de la présenter avec ses doutes, ses hésitations, ses coups de cœur ; peut-être enfin est-ce une fois encore pour se démarquer de sa mère (on peut rappeler la relation de leurs rapports difficiles dans son livre Fritna2 et se situer dans la lignée de ses père et grand père dont elle confie dans l’avant propos qu’ils la bercèrent, petite, des hauts faits de la Kahina.
1 Roger Ikor, La Kahina, Paris, Encre, 1979 ; Didier Nebot, La Kahéna, reine d’Ifrikia, Ed Anne Carr (...)

2Fritna, Paris, Plon, 1999
3 Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale, trad. (...)

 La Kahina, une reine juive en Berbérie ? Les origines des communautés juives en Afrique du Nord remontent à la plus haute antiquité, probablement dès l’époque de la fondation de Carthage, au viiie siècle avant J.-C. Des Juifs vivaient là certainement déjà deux siècles avant notre ère. Des Judéens s’installèrent au Maghreb, chassés par les Ptolémées, puis par les Romains après la destruction du Temple en 70 après. J.-C. A la suite de la violente insurrection des Juifs de Cyrénaïque, sous le règne de Trajan, celui-ci, après les avoir écrasés, déporte les survivants dans la province de Maurétanie (Maghreb actuel, à l'ouest de Constantine). Dès l’époque romaine, ces Juifs du Maghreb convertissent des tribus berbères : la plus célèbre d'entre elles, celle des Djeraoua, a pour reine, au viie siècle, celle que l’on surnomme la Kahina. Son vrai nom est Dihya : la belle, ou la devineresse en amazigh. Sa généalogie démarre avec l’ancêtre Guerra, dont le nom signifie converti (guer) en hébreu, mais qui est présenté comme l’un des descendants de Aaron le Grand Prêtre (Kohen), frère de Moïse. Cet ancêtre a fondé la tribu des Djeraoua (Guerraoua : les convertis ?) qui vit dans les Aurès, à l’est du Maghreb, dans une région qui s’étend de la Constantine actuelle à la Tunisie. Une tribu qui opposa, selon le récit d’Ibn Khaldoun3, une vive et ultime résistance à la conquête arabe de l’Afrique du Nord entre 695 et 700 : « Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu'ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeraoua, tribu qui habitait l'Aurès et à laquelle appartenait, parmi leurs chefs les plus puissants, la Kahena, reine du Mont Aurès, dont le vrai nom était Dahia, fille de Tabet, fils de Guerraoua (…). Hassan ibn Nouman emporta d’assaut la ville de Carthage (…). Après cette victoire, il demanda quel était le prince le plus redoutable parmi les Berbères, et ayant appris que c’était la Kahena, il marcha contre elle (…) mais cette dernière mena ses troupes contre les musulmans… et, les attaquant avec un acharnement extrême, les força à prendre la fuite après leur avoir tué beaucoup de monde (…). La Kahéna rentra dans son pays et continua pendant cinq ans à régner sur l’Ifrikia. Hassan revint en Afrique à la tête de nombreux renforts. À son approche, la Kahéna fit détruire toutes les villes et fermes du pays, depuis Tripoli jusqu’à Tanger. Mais elle fut abandonnée par ses alliés qui virent avec un déplaisir extrême la destruction de leurs biens (…). La Kahéna fut battue et tuée dans le Mont-Aurès. L’offre d’une amnistie générale décida les vaincus à embrasser l’islam ».
Juive et Berbère ? Juive ou Berbère ? Véritable héroïne africaine, objet de multiples légendes, légende ou réalité, la Kahina, Déborah berbère, nourrit l’imaginaire des Juifs du Maghreb. Symbole de la résistance berbère face à l’envahisseur arabe, elle est aujourd’hui un symbole du mouvement berbère aux côtés de Massinissa et de Jugurtha. Revendiquée par les uns et les autres, sa seule évocation déclenche de très violentes polémiques dont Internet se fait l’écho, polémiques encouragées par la difficulté qu’ont les historiens actuels à trancher pour une hypothèse ou l’autre. Mais pour Gisèle Halimi, c’est une héroïne juive, à l’égal de Déborah, ou de Judith (comme elle, elle est sensée avoir tranché la tête de celui qui tyrannisait son peuple). Juive, c’est aussi une héroïne berbère, attachée au sol qui l’a vue naître, rebelle à tout pouvoir étranger. C’est une femme fière, libre, sûre de ses convictions. En cela, emblématique de ces peuples luttant pour leur indépendance, aux côtés desquels s’est toujours placée l’avocate, et emblématique aussi des femmes qui combattent pour leur émancipation et leurs droits, à la tête desquelles s’est aussi placée l’auteure. Symbole d’une double appartenance, d’une double culture, d’une identité plurielle, entre lesquelles le choix est difficile, sinon impossible. « Roman » de ses origines, à travers un ouvrage qui n’est pas seulement historique, Gisèle Halimi nous parle métaphoriquement, à travers cette guerrière indomptée, d’elle-même et de ses combats


Du Café des Palabres
 
Une Mort très douce de Simone de Beauvoir (correspondance)
 
Syngué Sabour ou Pierre de patience de Atiq Rahimi qui va passer à studio 7