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samedi 9 mars 2019

Les femmes peintres dans la littérature (22 janvier 2019)



Dans un premier temps, nous avons revu, de façon très succincte, les différents mouvements de peinture pour y replacer les peintres dont nous allions parler puis chaque lecteur a présenté son livre :
L’indolente ou le mystère de Marthe Bonnard de Françoise Cloarec. Présenté par Michel.

Bonnard peintre dit nabi (1867-1947) rencontra Marthe de condition très modeste, il en tomba follement amoureux, en partageant sa vie comme modèle.

Le couple voyagea beaucoup et noua des amitiés dans le monde de l’art avec Monet, Vuillard, Signac, Matisse… le livre est très intéressant car il nous fait découvrir tous ces peintres. Bonnard exposa au salon des indépendants.

Françoise Cloarec est psychanalyste et peintre, diplômée des Beaux-arts de Paris.


  
Du même auteur la vie rêvée de Séraphine de Senlis. Présenté par Evelyne.
Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis, née à Arsy (Oise) le 3 septembre 1864 et morte le 11 décembre 1942 à Villers-sous-Erquery (Oise), est une artiste peintre française dont l'œuvre est rattachée à l'art naïf.

Orpheline, « la sans rivale ».
Séraphine grandit a la campagne, s’imprègne de la nature, le regard vers le ciel, vers les arbres, vers la lumière. Tout commence comme cela, « tu dois te mettre à dessiner » message qui vient de la sainte vierge.
Tout le monde sait à Senlis, dans l’Oise, où elle vit que Séraphine ne rechigne pas à la besogne, peu intéressée par l’argent, elle trouve facilement à se placer comme servante dans plusieurs maisons bourgeoises. Elle est polie, humble, respectueuse. A 42 ans, elle obéi à un ordre venu d’en haut. Elle est l’élève de personne, elle travaille dans une absence de savoir vivre et de savoir faire. Elle peint des toiles, qui semblent changer de couleurs comme l’œil du chat, des fleurs, des fruits, des arbres.
Elle invente sa peinture avec le ripolin, elle ajoute à ses mélanges savants l’huile sainte qui brûle dans la chapelle consacrée à la vierge Marie, qu’elle dérobe. En 1912 un homme va traverser et bouleverser sa vie, Willhelm Uhde allemand, aristocrate et collectionneur de tableaux. Il voit en elle l’un des plus grands peintres du courant primitiviste, il dit « peintre du cœur sacré » .

La première guerre mondiale l’oblige à quitter la France. Sa collection est confisquée, puis vendue en 1921. Après son retour en 1924, il promeut les peintres autodidactes Bauchant, Bombois, Vivin et Séraphine de Senlis qu’il appelle Primitifs modernes, refusant le qualificatif impropre de « naïfs ». Il leur consacre une exposition « Peintres du Cœur Sacré » en 1928,  parle d’eux la même année dans Picasso et la tradition française, et leur consacre un ouvrage, Cinq maîtres primitifs (1947), articulé autour du Douanier Rousseau.

1932 Une crise de folie l’interne à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise. Séraphine de Senlis cesse de peindre, écrit de nombreuses lettres pour se plaindre.
11 déc. 1942 - Décès. Séraphine Louis est enterrée dans la fosse commune du cimetière de Clermont.


 
Marie Rose a lu je suis jeanne Hébuterne d’Olivia Elkaim.
L’auteur est journaliste, chargée de politique au magazine La vie.

 Jeanne Hébuterne (1898-1920) rencontre en 1916  Modigliani de 15 ans plus âgé qu’elle, artiste maudit vivant dans la misère à Montparnasse.
Ils tombent amoureux et Jeanne quitte le milieu bourgeois dans lequel elle vivait  pour vivre sa passion, elle se mettra à peindre influencée par son amant.
Ils fuient les combats de la 1ère guerre mondiale, tout en bravant les bonnes mœurs et les interdits familiaux, un amour incandescent les conduit aux confins de la folie.

Atteinte de tuberculose, elle se suicidera alors qu’elle est enceinte.
Rappelons que Modigliani laissait en blanc les yeux des personnes qu’il peignait pour exprimer qu’ils se regardaient à l’intérieur.


Marie-Rose a trouvé ce livre très émouvant, il montre bien la mentalité de l’époque qui condamnait ce style de vie libérée, menée par certains artistes.
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La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, présenté par Marie Claude C.
Roman historique qui se situe à Delft au Pays Bas au 17ème siècle, à l’âge d’or de la peinture hollandaise.
Ce récit nous explique comment Johannes Vermeer, peintre fasciné par l’optique, en est venu à faire le portrait de Griet, sa domestique.
Cette dernière belle et intelligente, sensible à l’harmonie des couleurs, émeut son maître qui l’introduit dans son univers en lui faisant tout d’abord préparer ses pigments puis en devenant son modèle.

Voir le très beau portrait sur la couverture du livre, voir également le très beau film avec Scarlett  Johansson.









Etre ici est une splendeur de Marie Darrieussecq qui parle de Paula Becker, peintre allemande (1876-1907) . Présenté par Paulette et Michelle.

Carla Juri qui l’a incarné au cinéma, dit qu’elle mettait beaucoup de couleurs et de matières dans ses toiles, très épaisses, on dirait presque des sculptures quand on les regarde de profil.
Elle peignait avec passion d’une façon non conventionnelle pour son époque,  façon mal perçue par les peintres masculins qui disaient que la femme ne peut pas créer de l’art .
Elle  a fréquenté l’atelier de Rodin, le poète autrichien  Rainer Maria Rilke a été son ami.
Dotée d’une forte personnalité et d’un besoin d’émancipation, Paula Becker peignait des enfants, des petites filles au regard intense, tenant dans leurs mains en corolle des fleurs bleues, des femmes dans la dignité lasse de leur corps, des nus qui n’ont rien de comparable avec ceux que peignent les hommes. Son message, « il faut être celui qu’on est vraiment ».
En donnant naissance d’une enfant,  Paula meurt, quelques semaines plus tard, d’une embolie pulmonaire.

Michelle a été insatisfaite par le style de l’auteur.


Anne, Dominique, Thérèse et Marie-Rose ont présenté CHARLOTTE de David Foenkinos (2014).
Après avoir écrit en 2009 La délicatesse, roman encensé par la critique, David Foenkinos connaît la consécration avec Charlotte.

Il a découvert l’œuvre de Charlotte Salomon lors d’une exposition et a été fasciné par son œuvre  à l’origine de cette  biographie romancée.
Charlotte Salomon (1917-1943) berlinoise, d’origine juive a peint pour survivre au drame familial (du côté maternel, toutes les femmes se sont suicidées) au sort réservé aux juifs.
En 2 ans, elle a peint 1300 gouaches  accompagnées de textes et suggestions musicales. Heureusement, celles-ci ont été sauvées. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : "c'est toute ma vie."
Elle sera tuée au camp d’Auschwitz à l’âge de 26 ans.
Son œuvre est dite cathartique et pièce de résistance.
Le livre est écrit comme un poème avec des phrases courtes, ce qui donne au texte un rythme et une respiration pour ne pas céder à l’émotion.
David Foenkinos a mis du temps avant de trouver son style d’écriture, mais  cette contrainte l’a finalement libéré et si nos lectrices ont été un peu déconcertées au début par le style, elles ont apprécié ce roman, au fur et à mesure de la lecture.
                                                                - O - O -


Thérèse nous a présenté les peintures d’Elise Rieuf (1897-1990) originaire de Massiac en Auvergne comme sa grand-mère, ses œuvres sont exposées dans le musée du village.
Cette artiste a fait ses études à Paris, elle a beaucoup voyagé notamment en Chine ou elle a exposé, elle a enseigné et a fait partie d’un atelier féminin. Elle a peint beaucoup de portraits, autoportraits, souvenirs de ses voyages et des paysages d’Auvergne. Elle appartient au mouvement figuratif moderne.
Nicole nous a parlé d’une amie Claire Dubreuil :
Sage-femme, elle a passé sa jeunesse en Afrique puis est venue s’installer à Labarthe sur Lèze ou elle s’est consacrée entièrement à la peinture. Sa première passion fut  l’Afrique avec ses couleurs chaudes. 
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Jacqueline nous a présenté Berthe Morisot de Dominique Bona.
Née en 1953 à Perpignan, journaliste, romancière et biographe entre autre de Romain Gary, élue à l’académie française en 2013, Dominique Bona est la fille d’Auguste Conte lui-même écrivain et homme politique.
sous le balcon 1871
Ce livre extrêmement documenté parle de Berthe Morisot (1841-1895).
Née dans un milieu bourgeois, son père était préfet, elle avait trois sœurs et un frère qui ont reçu une éducation artistique. Elle serait de la descendance de Raphaël. Il faut rappeler qu’à cette époque les beaux-arts étaient interdits aux femmes jusqu’en 1897.
Elle peignait dehors, elle travaillait avec sa propre palette le blanc, le vert en soulignant d’un trait rouge.
Rebelle, tournant le dos très jeune à l’enseignement académique, elle fonda avec Manet (dont elle épousera le frère) un groupe d’avant-garde  les «artistes anonymes associés»  regroupant des  impressionnistes, Monet, Renoir, Sisley, Pissarro, Degas, dont elle sera la seule femme. Stéphane Mallarmé l'introduisit auprès de ses amis écrivains. Elle a peint beaucoup de portraits de femmes et d’enfants.
Jacqueline a trouvé le style de l’auteur sans  grand intérêt, par contre le livre renseigne bien sur la vie  de cette artiste mystérieuse qui fit preuve d’une grande liberté.
Le  portrait  de Berthe Morisot qui figure en couverture du livre a été peint par Manet en 1870.



En conclusion, on perçoit à travers les portraits tracés de ces femmes peintres qu’elles revendiquent, et à travers leur art, le droit de s’exprimer, la liberté de penser dans un milieu artistique qui fut à une certaine époque essentiellement masculin.
Ce café littéraire a été très riche en échanges car les choix de lectures ont été nombreux sur des artistes différentes.

Berthe Morisot











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