Coup de cœur Marie- Claude
Marie Talabot
Une
Aveyronnaise dans le tourbillon du XIXe siècle de Louis Mercadié
Editeur : Rouergue
Louis Mercadié propose ici un
voyage passionnant à travers la vie d'une femme injustement dénigrée par les
siens. Le parcours de Marie nous est conté de manière très vivante. Tout en
s'appuyant sur un travail de recherche bien documenté, l'auteur parvient à
établir un essai romanesque qui tient en haleine le lecteur. Ce dernier imagine
ainsi aisément les différences entre la vie des sociétés rurales et celle de la
haute bourgeoisie du XIXe siècle. Il comprend aussi les liens qui les unit.
Marie Talabot, malgré son ascension sociale hors norme, n'oublia jamais ses
origines et fut présente auprès des siens chaque fois qu'elle en eut la
possibilité. Elle fut également une réelle conseillère pour son compagnon.
C'est cette image que je retiendrai, celle d'une femme qui a su s'affirmer en
un XIXe siècle très misogyne. Cet ouvrage est à découvrir, à redécouvrir et à
faire partager au plus grand nombre. Félicitations à Louis Mercadié
La vagabonde de Colette
Coup de cœur Thérèse
La Kahina de Gisèle Halimi
Est-ce un ouvrage historique ? Est-ce un roman ? Un roman
historique ? Le lecteur est désemparé dès qu’il plonge dans l’ouvrage que
Gisèle Halimi a consacré à la grande héroïne judéo berbère. Si l’on comprend
bien l’intérêt de l’avocate féministe – par ailleurs juive et née en Tunisie –
pour cette figure féminine de résistance, la gêne s’installe au fur et à mesure
de la lecture, face à l’impossibilité de l’auteur de choisir un genre
littéraire et de s’y tenir. Alors que le destin légendaire de cette femme
intrigue, que son altière figure fascine, que viennent faire au milieu d’une
description de paysages, ou de la relation de ses amours, telle ou telle note
savante de bas de page ? La traduction de tel mot berbère ? Le nom romain de
tel lieu présenté sous son nom berbère ? Faits avérés (peu), légendes
(nombreuses), mémoires concurrentes (juive, berbère) s’entremêlent, laissant le
lecteur face à un dossier ruisselant d’érudition savante (il ne compte pas
moins de 8 pages de références bibliographiques), alors que nous suivons la guerrière
en train de se maquiller, de se préparer à recevoir son amant, ou en train de
commander à ses hommes.
Pourquoi un roman de la célèbre avocate féministe sur cette
héroïne ? Et même pourquoi un roman de plus sur elle ? Celui de Gisèle Halimi
vient en effet après ceux de Roger Ikor, de Didier Nebot1 et de quelques autres
encore. Peut-être parce que plus que l’essai historique, le roman permet de
combler les zones obscures par l’imagination ; et aussi parce que
l’identification à l’héroïne, l’empathie manifeste de l’auteure pour la chef de
guerre, pour la femme indépendante, permettent, plus qu’un essai rigoureux, de
la présenter avec ses doutes, ses hésitations, ses coups de cœur ; peut-être
enfin est-ce une fois encore pour se démarquer de sa mère (on peut rappeler la
relation de leurs rapports difficiles dans son livre Fritna2 et se situer dans
la lignée de ses père et grand père dont elle confie dans l’avant propos qu’ils
la bercèrent, petite, des hauts faits de la Kahina.
1 Roger Ikor, La Kahina, Paris, Encre, 1979 ; Didier Nebot,
La Kahéna, reine d’Ifrikia, Ed Anne Carr (...)
2Fritna, Paris, Plon, 1999
3 Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties
musulmanes de l’Afrique septentrionale, trad. (...)
Juive et Berbère ? Juive ou Berbère ? Véritable héroïne
africaine, objet de multiples légendes, légende ou réalité, la Kahina, Déborah
berbère, nourrit l’imaginaire des Juifs du Maghreb. Symbole de la résistance
berbère face à l’envahisseur arabe, elle est aujourd’hui un symbole du
mouvement berbère aux côtés de Massinissa et de Jugurtha. Revendiquée par les
uns et les autres, sa seule évocation déclenche de très violentes polémiques
dont Internet se fait l’écho, polémiques encouragées par la difficulté qu’ont
les historiens actuels à trancher pour une hypothèse ou l’autre. Mais pour
Gisèle Halimi, c’est une héroïne juive, à l’égal de Déborah, ou de Judith (comme
elle, elle est sensée avoir tranché la tête de celui qui tyrannisait son
peuple). Juive, c’est aussi une héroïne berbère, attachée au sol qui l’a vue
naître, rebelle à tout pouvoir étranger. C’est une femme fière, libre, sûre de
ses convictions. En cela, emblématique de ces peuples luttant pour leur
indépendance, aux côtés desquels s’est toujours placée l’avocate, et
emblématique aussi des femmes qui combattent pour leur émancipation et leurs
droits, à la tête desquelles s’est aussi placée l’auteure. Symbole d’une double
appartenance, d’une double culture, d’une identité plurielle, entre lesquelles
le choix est difficile, sinon impossible. « Roman » de ses origines, à travers
un ouvrage qui n’est pas seulement historique, Gisèle Halimi nous parle
métaphoriquement, à travers cette guerrière indomptée, d’elle-même et de ses
combats
Du Café des Palabres
Une Mort très douce de Simone de Beauvoir (correspondance)
Syngué Sabour ou Pierre de patience de Atiq Rahimi qui va passer à studio 7
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