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mardi 20 octobre 2020

Les coups de cœurs de l'été 2020

 

Nature humaine de Serge JONCOUR

Le roman se déroule dans le Lot entre 1976 et 1999. Alexandre, personnage principal est âgé de 15 ans au début du récit. Il vit dans la ferme des Fabrier, et c'est sur lui que repose la transmission du domaine. Ses trois sœurs vont succomber aux sirènes de la ville. 


Comme l'amour n'est pas toujours dans le pré, il s'éprend à distance de Constanze, étudiante est-allemande qui partage une colocation avec une de ses sœurs à Toulouse. Pour impressionner Constanze, Alexandre va fricoter dangereusement avec des activistes qui ne veulent pas de la centrale de Golfech.

Près de la ferme, il y a Crayssac, un voisin qui participe à la lutte du Larzac.

Les parents d'Alexandre sont hostiles à l'élevage intensif, et également à un projet d'autoroute. Le progrès inquiète Alexandre, mais l'attire. Alexandre est un personnage attachant.

Cette période est bien décrite par Serge Joncour, il nous fait réfléchir sur le monde dans lequel nous souhaitons vivre.

 

Bénie soit Sixtine de Maylis Adhémar      

Sixtine grandit dans une famille catholique, intégriste, et se marie dans son milieu avec Pierre-Louis Sue de la Garde, issu d'une famille encore plus intégriste, adepte d'une sorte de secte ultra-catholique d'extrême droite.  


   

La nuit de noce tant attendue et rêvée par Sixtine est une épreuve atroce,  et sa grossesse qui vient rapidement n'en est pas moins pénible, surtout qu'elle est guidée par sa belle-mère, Madeleine, sévère et rigide matrone, ultra catholique.

Sixtine aura t'elle la force de s'échapper de ce carcan ?  Un évènement tragique pousse Sixtine à ouvrir les yeux.

Les milieux ultra-catho d'extrême droite sont extrêmement bien décrits, l'histoire est prenante et passionnante.

Les passages en italiques sont déconcertants au début, dont il est question de Muriel, la mère de Sixtine, nous transmettent au fur et à mesure le déroulement de l’histoire.

L’auteur, née en 1985, Maylis Adhémar vit et travaille à Toulouse comme journaliste indépendante. Bénie soit Sixtine publié le 20 août 2020 aux éditions Julliard, est son premier roman. Il est inspiré de sa propre vie.  

 

 

TOUT LE BLEU DU CIEL  de Mélissa DA COSTA

 

La sentence est tombée, Emile 26 ans, est condamné. Ses jours sont comptés, 2 ans de vie, tout au plus et quelle déchéance ! Afin d'éviter des mois d’hôpital, le poids du regard de ses proches et particulièrement de sa mère, il décide secrètement de partir en camping-car. Il ne veut pas être "un rat de laboratoire". L'idée lui vient de partager sa fuite avec quelqu'un, un ou une inconnue. Il poste donc une petite annonce "jeune homme 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce souhaite prendre le large pour un ultime voyage". Emile est persuadé que "si quelqu'un éprouve la folie de répondre à son annonce, alors il aura trouvé le meilleur compagnon de voyage de tous les temps. "  


C'est Joanne, 29 ans, qui répond positivement à son annonce. Vêtue et chapeautée de noir, frêle mais sportive, Joanne parle peu, aime la méditation, la nature, elle ne mange pas de viande, et ne ronfle pas. Ils prennent la direction des Pyrénées, y découvrent les merveilles de la montagne, jonchée de ruisseaux et de cascades. Ce voyage, sans retour pour Emile est une délivrance pour tous les deux : le paradis dit Emile lorsque enfin, Joanne sourit à nouveau.  Au fils des jours, des mois d'hiver, au gré des "black-out" d'Emile, de plus en plus fréquents et effrayants, ils finissent par s'aimer. "J’ai fini par t'aimer" lui dit Emile.  Et même, ils se marient en secret pour sceller leur pacte d'entraide. (C’est un peu cela finalement un mariage). Joanne tiendra sa promesse jusqu'au bout, de ne jamais ramener Emile à l’hôpital, quoiqu'il arrive. Emile s'engage à s'occuper du petit Tom, au ciel, le petit garçon autiste de Joanne mort l'an dernier.
C'est ainsi qu'au fils des pages inondées de formidables rencontres humaines, de la lumière des paysages pyrénéens,  on est submergé d'émotions, balloté entre la beauté et la cruauté de la vie, touché profondément par l'histoire de ces deux jeunes gens.

Marie Claude exprime : J'ai pleuré avec Emile et Joanne car comme écrit Paul Valery, "souffrir, c’est donner à quelque chose une attention suprême".  Fort heureusement "chaque jour porte en lui l'éternité" écrit Paulo Coelho. C'est la dernière citation de ce formidable roman de 837 pages car une vie renait après la mort d'Emile.

 


 GRANDS CARNIVORES de Bertrand BELIN 

Je connaissais le chanteur, j'ai découvert l'auteur dans un roman court mais dense, peinture d'une société scindée en deux, dans une époque imprécise avec une menace, ici des fauves échappés d'un cirque. Pourquoi pas un virus alors que le livre est de 2019 ? dit Christine.

La population apprend qu'un groupe de fauves s'est échappé durant la nuit. Introuvables, les bêtes sont au centre de toutes les conversations et objet de toutes les craintes. Les habitants seront entièrement tournés vers la défense et la préservation de leur intégrité individuelle, leur attention exclusivement dirigée vers ce danger inédit. Le climat de terreur où les fauves ont plongé la population, constitue l'occasion formidable de l'apparition d'un discours jusque là souterrain.

Bertrand Belin dépeint un monde dominé par la peur de l'autre et la cruauté, les soupçons, et qui soudain bascule dans un rêve éveillé.

 


Tout cela je te le donnerai de Dolorès REDONDO

 Une enquête en Galice par un écrivain qui vient de perdre son mari et qui veut comprendre. Accident ou meurtre ? Un roman policier noir dans les secrets de l'aristocratie mais très lumineux.

L’auteur est née en 1969 au Pays Basque, une romancière espagnole, auteur de romans historiques et policiers.

 



CHANSON BRETONNE de J.M.G. le Clézio  


L’auteur nous raconte la Bretagne de ses vacances dans les années 50.

Il écrit « c'est le pays qui m'a apporté le plus d'émotions et de souvenirs ».  Il retourne à Sainte-Marine, proche du fleuve côtier l’Odet (département 29) où il ne reconnaît à peu près plus rien. 

Marie Hélène indique que c’est une lecture apaisante et nourrissante de cette époque.

 




TOUS LES HOMMES N’HABITENT PAS LE MONDE DE LA MEME FACON 

de Jean-Paul DUBOIS

Paul Hansen purge une peine de deux ans dans une prison de Montréal avec pour compagnon de cellule Horton, un Hells Angel (club de moto des anges de l’enfer) incarcéré pour meurtre. Pendant cette détention, Paul se remémore sa vie depuis son enfance et la perte de ses 3 amours : son père, sa femme, son chien. Jean-Paul Dubois va ainsi faire défiler le passé du narrateur en le mêlant au vécu d'aujourd'hui en prison. Il nous tiendra en haleine jusqu'au bout, ne nous dévoilant qu'au dernier moment, la cause de son emprisonnement. Car, énigme, il y a.     


 L'amitié naît entre ces deux êtres qui semblent n'avoir rien en commun, mais qui arrivent à une vraie fraternité. JP Dubois aligne des phrases légères et drôles, graves et poétiques, d’une douce ironie et d’une tendre fraternité. C’est un roman poignant sur l'amitié et le refus de toute forme d'injustice. Prix Goncourt 2019 bien mérité.

 







FILLES DE LA MER de Mary Lynn BRACHT

En 1940 la Corée est occupée par le Japon .  Sur l'île de jeju, Hana fait partie de la communauté des haenyeo, les femmes qui pêchent  en apnée. 


Sa petite sœur Emi l'attend sur la plage. Voyant un soldat japonais s'approcher, Hana demande à Emi de se cacher et c'est elle qui sera capturée. C'est le destin de ces deux sœurs  qui est raconté : l'une devenue femme de réconfort et l'autre se sentant coupable. Un livre poignant  que l'on n'oublie pas, dont l'intensité dramatique ne laisse pas un moment de répit.

Américaine d’origine sud-coréenne, Mary Lynn Bracht vit à Londres. Elle a passé son enfance et sa jeunesse dans une petite ville du Texas au sein d’une communauté de femmes sud-coréennes et à été très influencée par les épreuves qu’ont connues et endurées sa mère et des milliers d’autres femmes qui ont grandi en Corée, après la guerre. Filles de la mer est son premier roman.

 

 

L'apiculteur d'Alep de Christy LEFTERI

Nuri vit à Alep avec sa femme et son fils, il aime la nature et les abeilles de ses ruches. La guerre éclate et ravage tout, jusqu’aux précieuses ruches de Nuri. Il faut partir, Nuri prend soin de sa femme devenue aveugle quand  une bombe  a tué leur fils. Nuri espère rejoindre son cousin en Angleterre. Avec pour seuls bagages la douleur de deuils impossibles et le traumatisme de la violence et de la peur, le couple entame alors un long et dangereux périple au travers de la Turquie et de la Grèce, dans le but de gagner l'Angleterre et d'y obtenir le statut de réfugiés. On suit cet exode avec une toile de fond sur toute la misère des émigrés. L'auteur s'attache à nous expliquer la réponse du mental aux traumatismes, ainsi Nuri garde espoir, elle prend soin d'un enfant qui erre dans le camp. Mais on apprend qu'il s'agit d'un mirage.  





Extrait à retenir : "Là où il y a des abeilles, il y a des fleurs, et là où il y a des fleurs, il y a de l'espoir d'une vie nouvelle".

 

 

 



LE TIGRE BLANC de  Aravind ADIGA

Aravind Adiga est un journaliste et écrivain indien. Le tigre blanc est son premier roman, il a obtenu le Man Booker Prize en 2008.

L’histoire :  Sous la forme d’une lettre à Wen Jiabao, Premier Ministre de la Chine en visite officielle en Inde à Bangalore, un homme recherché par la police, déroule son histoire à la première personne du singulier. 


Le tigre blanc c’est lui, Balram Halwai, l’enfant le plus intelligent du village , mais d’une extraction si misérable qu’il n’a pu terminer ses études secondaires. Employé dans une de ces innombrables petites échoppes de thé qui essaiment le long des routes du pays, il doit son salut à l’un de ces nouveaux riches qui lui propose de devenir son chauffeur à Delhi. Et tandis qu’il conduit son maître d’un centre commercial clinquant à un autre, Balram se rend compte des nouvelles immenses richesses et multiples opportunités qui l’entourent et lui rappellent, qu’il ne pourra jamais faire partie de cette Inde prospère et rutilante du 21ème siècle. Excepté, de commettre un crime innommable.

Le tigre blanc décrit le quotidien des indiens. Celui en particulier de ceux qui sont soumis aux riches et condamnés à rester assujettis à leur pauvreté. Ils ne peuvent pas fuir car dans ce cas, les représailles envers les membres de leur famille seraient tellement atroces que « pour cela, il ne faut pas être une personne normale, mais un monstre, un dénaturé ».



Le goût du bonheur de Marie LABERGE

Tome 1 : Gabrielle, Tome 2 : Adélaïde, Tome 3 : Florent.

Roman historique, saga familiale.

A travers l’histoire de ces familles décrites dans ces trois livres, on découvre combien la religion catholique avait de l’emprise sur  la population et sur les mœurs, à cette époque. C’est une description particulière sur la condition des femmes, et sur le rôle de s’affranchir pour  atteindre une certaine forme de liberté.

On découvre dans ces romans,  que la participation des canadiens durant  la période de la guerre 39/45  a eu un impact considérable dans leur vie, avec la crise de la conscription. (voir Crise de la conscription. wikipedia).

Cette crise  a eu un effet majeur sur l'unité nationale entre les Canadiens  francophones et anglophones avec des répercussions dans les familles  anglophones.

Michelle a adoré ces lectures vivantes et enrichissantes et captivantes dès les premières pages.

 

LA VIE SECRETE DES ECRIVAINS, nouveau thriller de Guillaume MUSSO

Salué par François Busnel à la Grande librairie, ce roman ne ressemble pas à ses autres œuvres devenus des best-sellers.  


Anne nous raconte : J’ai lu sans à priori et j’ai été heureusement surprise : un thriller qui se passe sur une île sauvage  dont la carte est  représentée en début du livre, ce qui suscite déjà  la curiosité du lecteur. Le personnage central est un écrivain Nathan Fawles qui arrête d’écrire, pourquoi ?

 Il va  vivre reclus sur une île de la méditerranée. Un jeune écrivain qui l’admire part à sa recherche pour connaître les raisons de son départ. Il parlera avec Nathan des procédés d’écritures, du mystère de l’inspiration, des critères de la création d’un livre, des réflexions sur le monde littéraire, etc.

 J’ai bien aimé le portrait chinois de Nathan fait par Bernard Pivot, les très belles citations d’auteurs en début de chapitre.

L’intrigue est très réussie, on découvre au fur et à mesure de la lecture que  les personnages sont liés, c’est une histoire remplie de rebondissements.

 

 

SOUVENIRS DE LA MAREE BASSE  de Chantal THOMAS sorti en 2017.

En deux parties : le temps d’Arcachon et d’autres rivages.

Dans la première partie, L’auteure parle de son enfance à Arcachon où ses grands parents avaient acheté une maison, elle y parle de la plage, des bains de mer  et de ses bienfaits sur le corps et l’esprit.

Comme sa mère, elle adorait nager, elle décrit avec beaucoup de poésie les sensations éprouvées, en particulier de la libération du corps.  


Elle raconte avec humour, le jour où sa mère avait plongé dans le grand canal de Versailles et qu’elle s’imaginait les fantômes des courtisans la regardant avec envie et jalousant sa liberté.

Il y a de très belles descriptions de paysages. Chaque chapitre porte un titre et peut être lu séparément comme un poème.

La 2ème partie décrit sa vie d’adulte, mais marquée par la mer, elle la nomme « d’autres rivages ».

Chantal Thomas née en 1945 est romancière  philosophe, essayiste, dramaturge, scénariste spécialiste de la littérature du 18ème, elle a écrit des biographies sur Sade, Casanova, Marie Antoinette « les adieux à la reine » ce roman est porté à l’écran et qui remporta le prix Femina.  Devenue directrice de recherche au CNRS, elle a enseigné dans de nombreuses universités américaines et  a vécu à New York.



Sorti de rien de Irène FRAIN  (édité en 2013)

Prise à parti par un journaliste qui l’a présentée comme « sortie de rien » lors d’une remise de prix, Irène FRAIN à décidé de partir à la recherche de ses origines. Une quête qui lui fera traverser la Bretagne et évoquer longuement la vie de son père, Jean Le Pohon, le dixième et dernier enfant d’une famille modeste. La mère se retrouvant sans soutien, le jeune Jean à dû travailler très jeune et s’est retrouvé gardien de vaches  (beutjul) avant de changer de métier et devenir maçon. Il reviendra en ville à Lorient et apprendra le français, l’ayant oublié au profit du breton, pendant plusieurs années. Ce père volontaire, courageux, noircissait  ses carnets de notes pendant sa captivité en Allemagne. Il apprend l’allemand pendant cette période, n’hésitant pas à choquer ses camarades prisonniers, voyant surtout la facilité de la communication. 


Au travers de ce portrait haut en couleurs, marqué par une enfance difficile, l’auteure dresse aussi le portrait de la Bretagne, de la première moitié du 20ème siècle. Une Bretagne divisée entre les rouges (les socialistes) les blancs (les religieux) et les noirs (les errants vivant dans les forets et cherchant à s’instruire). Un tableau étonnant d’une Bretagne moins connue, celle des esprits, des rochers, du diable et de la poésie. 

Un beau roman, un vibrant hommage familial.

L’auteure « sortie de rien », enfant non désirée, ayant remis en ordre  les lettres de son prénom, précisera, suis-je RIENE ?  « Je peux enfin confondre ma mémoire et celle de mon père, et par-delà celle de toute ma lignée ».

 





 



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