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mercredi 8 février 2017

Le Divan de Staline le 21 février 2017



                         Arrivé à la fin de sa vie, Staline désire faire le point en faisant une psychanalyse qu’il redoute et en même temps truquée  car il la fait faire par sa maîtresse et non par un vrai psychanalyste ou  charlatan  (à lire l’interprétation des rêves de Freud).
                         C’est un  roman psychologique bien documenté du point de vue historique. J’ai été envoutée par l’écriture : les longues phrases  traduisent très bien entre autres les rêves tortueux, leur cheminement insolite etc.
                         p 260 : la longue phrase traduit bien la longueur de la fouille et on suit pas à pas le déroulement de ce qui se passe .
 J’ai beaucoup aimé l’analyse très poussée des caractères.
                           Ce livre fait appel à tous nos sens : odeur de la pipe, chaleur du samovar etc.
                          Il parle aussi de philosophie, de mythologie, de fleurs, de peinture et curieusement Staline s’y intéresse (à lire Staline œuvre d’art totale ou La part de l’autre d’EE schmitt sur Hitler qui aurait peut-être eu une autre destinée s'il avait été reçu aux beaux- arts).
                         Il montre que tout homme est marqué par des traumatismes (voir la superbe description de l’enfer de glace qui vous fait froid dans le dos dont Staline se souvient dans les moindres détails ) et que même s'il  a commis des actes horribles répréhensibles, il reste un être humain avec des circonstances atténuantes. On y voit un Staline aux deux visages,  cruel mais aussi  sensible au charme des fleurs et des femmes.
                         Il montre aussi qu’on peut contrôler les faits et les gestes de quelqu’un mais pas ses rêves qui restent notre propriété même si Staline veut s’immiscer dans ceux de Danilov
                         Comme Pierre et Marie-Claude, j’ai également beaucoup aimé le film Le Divan de Staline, rouge sont les rêves tiré du livre et mis en scène par Fanny Ardant amoureuse de littérature, j’ai eu plaisir à le voir au milieu de ma lecture car ils se complètent bien, le film rend bien l’ambiance onirique du livre. ANNE
Anne
Bien que l'ambiance de ce roman-historique soit lourde, oppressante, j'en ai apprécié à la fois le contenu et le style.
  Le CONTENU : parce que ce portrait romancé de Staline est tellement proche du personnage historique qu'il m'a aidée à comprendre les horreurs qui ont plombé les tristes années de mon adolescence, puis de ma jeunesse. Années monstrueuses entre le nazisme et le totalitarisme communiste !
  Le STYLE : variable, dynamique, vivant parce qu'il participe largement à restituer l'ambiance que fait régner Staline autour de lui.
   Outre que tous les faits se déroulent dans une atmosphère froide et humide de brouillard, dans la contrainte et la crainte de "déplaire" au Grand Maitre, le style "colle" toujours aux évènements.
        - Phrases courtes,rapides alertes qui rebondissent d'un personnage à l'autre.
        - Descriptions qui notent simplement quelques objets du décor qui crée l'ambiance que découvrent les personnages en arrivant dans cette grande demeure, tellement inadéquate ! Et qui deviennent plus colorées, plus animées quand les "acteurs" sont plus "installés". L'auteur a l'art de décrire en même temps le lieu et les personnages qui y évoluent. Comme on le voit dans les tableaux
des peintres flamands : les lieux et les personnages sont inséparables parce que le lieu détermine  pour beaucoup le comportement des personnages. (ce que nous découvrons également lors de nos voyages)
       - D'autres fois, les portraits  sont de simples caricatures où l'on devine le cruel ou la lâcheté d'un personnage... Ou bien le portrait est aussi précis qu'une sculpture.
       -  Mais surtout, l'auteur nous place toujours dans cette ambiance de crainte,de tension,de terreur qui règne autour de Staline...


          Et les rapports des responsables politiques qui suivent le roman, à la fin du livre, expliquent et confirment que le portrait que trace J-D Baltassat de Staline est réaliste et conforme à la triste vérité : il est simplement construit à partir de la macabre réalité !
JACQUELINE

  Fanny Ardant parle de son film sur Télérama
LE FILM


Vingt-sept ans qu'elle le connaît, qu'elle vit dans son ombre, qu'elle a tout compris, tout accepté, tout dissimulé. Mais quand Staline, vieillissant, si proche du néant, lui demande de prendre la place de ce « charlatan de Freud », comme il dit, et de lui faire raconter ses rêves, une sourde inquiétude envahit Lidia. Se confronter à ses propres cauchemars ne l'effraie pas, elle en a vu d'autres, mais affronter ceux du « petit père des peuples »...
C'est cette peur permanente, pernicieuse, infiltrée dans l'air, insinuée dans la peau, que capte Fanny Ardant dans son troisième film comme réalisatrice (et le premier vraiment réussi), que lui a inspiré le roman de Jean-Daniel Baltassat. Gérard Depardieu l'a aidée à provoquer cette sourde angoisse, en cherchant, précisément, à ne la susciter jamais. Il est, une fois de plus, grandiose. Lourd. Calme. Immobile. Seul son regard se modifie in­sensiblement : neutre lorsqu'il signe l'exécution de quinze pauvres types ayant mis en doute la solidité des avions soviétiques (« Une balle dans la nuque. Une seule. Pas de gaspillage »). Presque égaré, soudain, lorsque Lidia (Emmanuelle Seigner, belle et lasse : superbe) déchiffre un cauchemar sanglant à propos de la mort de sa femme. Et venimeux devant ce peintre trop jeune et trop beau, dont il se plaît à révéler l'ambiguïté.
Passionnant personnage, ce Danilov, que Paul Hamy (lire page 24) rend misérablement fragile sous sa carapace de virilité. Il symbolise le dilemme auquel se trouvaient confrontés tous les artistes de l'époque : résister et périr, ou se compromettre et se perdre. Le goulag ou la honte ; il n'y avait, alors, d'autre issue... Autour de Danilov et de Lidia, ces deux victimes d'eux-mêmes, des forêts, rousses le jour, fantomatiques la nuit, cernent des lieux où des domestiques empesés suivent Staline comme un encombrant choeur antique, où des soldats patrouillent avec des chiens voraces, où résonnent, par moments, des cris qui n'étonnent personne...
Ce que filme la réalisatrice, avec une sorte de panache, une audace inattendue, ce sont trois égarés qui, du plus puissant au plus lâche, cherchent en eux les traces d'un souffle depuis longtemps perdu, qu'ils ne retrouveront jamais. Parce qu'ils sont russes, on dira que c'est leur âme : cette petite chose encombrante qui les taraude, leur résiste et les suit comme une douleur lancinante et infinie. 
— Pierre Murat
 



Et le FILM  : sorti le 11 janvier 2017

 
Avis sur le film « Le divan de Staline »

Marie-Claude et moi avons vu le film à Ramonville en compagnie de Anne.
Pour ma part j’ai beaucoup apprécié ce film, surtout après avoir lu le livre.
En effet, compte tenu que l’ouvrage écrit est beaucoup plus complet et détaillé, l’avoir lu avant permet de comprendre immédiatement qui est qui et de bien situer l’engrenage des faits.
Les trois acteurs principaux jouent bien leurs rôles : Gérard Depardieu en Staline a le physique de l’emploi !…, Emmanuelle Seigner, sa maîtresse, joue tout en finesse et en retenue et Paul Hamy, le peintre, se partage effectivement entre le choix de respecter « sa dignité d’homme » ou de « faire carrière » grâce à son art.
On retrouve dans le film cette atmosphère d’angoisse et de peur que nous ressentons dans le livre, mais s’y ajoutent la musique et ce brouillard constant autour du château qui nous font imaginer tout ce qui peut se passer « loin de la lumière » dans une dictature.
Pierre Ravier



LE VALET de PEINTURE de Jean Daniel BALTASSAT
Résumé :
Nous sommes en 1428. Philippe Le Bon, Duc de Bourgogne, régent de Hollande, seigneur d'Artois, Nivernais et Franche Comté décide d'épouser Dona Isabel, une anglaise du Portugal pour des raisons politiques. Afin de s'assurer de la beauté de sa promise, de sa pureté (sa virginité, elle a déjà 32 ans)  et afin de rédiger le contrat de mariage, il envoie 3 ambassadeurs à Lisbonne, quelques mois avant le mariage. Parmi eux, Johanes, son valet de peinture célèbre pour ses portraits si merveilleux, à qui il confie le soin de peindre l'âme de l'Infante et même plus... Après un périlleux voyage de 3 mois, ils atteignent le Portugal et doivent attendre le retour de l'Infante, absente du château pendant les mois d'hiver. Contrairement aux ordres de son seigneur et pour obéir à l'Infante, Johanes ne peut réaliser que la peinture de sa robe, puisque Dame Isabel se présente devant lui, couverte d'un voile. Au fil des semaines, il réalise une robe si parfaite, qu'elle accepte de déposer son voile, et même plus !...

Commentaire:
Ce roman est un chef-d’œuvre, à la hauteur de la qualité des peintures du Johanes Van Eych, (le vrai peintre) qui est d'ailleurs l'un des personnages du roman.

Johanes était un peintre célèbre pour ses portraits d'un réalisme minutieux au XVème siècle. Dans ce roman, le peintre invente la "pâte" miraculeuse qui rend sa peinture sublime et l'écrivain JD Baltassat a trouvé les mots qui rendent son écriture également sublime. Que du plaisir!
Marie-Claude
PS:  Disponible à la médiathèque d'Escalquens

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