(rencontre
du 19 /03/2019)
Grâce à Céline et son café littéraire axé sur
les auteurs méditerranéens, nous avons découvert cet auteur et ce livre
magnifique, très bien traduit par Leila Mansour.
Sinan Antoon est né en 1967 d’un père irakien
et d’une mère américaine.
Après des études universitaires à Bagdad, il
s’installe aux EU où il obtient un doctorat en études arabes et islamiques à
Harvard en 2006, il a alors 39 ans.
Poète, traducteur et romancier, il publie en 2010
à 43 ans Seul le grenadier,
roman qui
lui a valu de nombreux prix dont celui de la littérature arabe en 2017, seule
récompense française pour la littérature arabe.
C’est un ouvrage qui tient le lecteur en
haleine, à travers un dialogue bouleversant et poétique entre la vie et la
mort.
Le roman se passe à Bagdad dans les années
1980/1988 pendant la guerre Iran/Irak, le pays est alors sous la domination de
Saddam Hussein, à cette guerre se rajoutent des conflits entre Chiites et
Sunnites.
Jawad est le fils cadet d’une famille chiite, son
père est thanatopracteur, il lave et prépare les morts pour leur
enterrement. Il espère que Jawad prendra sa succession, aussi il lui apprend les rites nécessaires à cette
fonction mais Jawad rêve de devenir
sculpteur.
Jawad prend des cours d’art plastique et fait
la connaissance de Rim, jeune femme dont
il fait une très belle description à la manière d’un sculpteur, mais pour s’en
sortir financièrement, il doit abandonner son rêve et devient peintre en
bâtiment.
En 2003, à la mort de son père alors que les
bombes américaines s’abattent sur Bagdad, que les corps déchiquetés s’entassent,
il est obligé de renoncer définitivement à son rêve de devenir artiste pour reprendre
le métier de son père, thanatopracteur.
Il n’oubliera jamais Rim qui s’éloigne de lui
sans explications. Un jour, il reçoit une lettre émouvante d’elle qui lui
apprend qu’elle est atteinte d’un cancer généralisé et celle-ci coupe tout
contact, malgré son amour pour lui.
Pourquoi ce titre Seul le grenadier ?
Dans la cour attenante à la salle où
travaillait son père, poussait un grenadier nourri par l’eau s’écoulant du lavage des corps décédés. Une
rigole conduisait l’eau qui s’écoulait depuis la salle des lavements jusqu’au
pied de l’arbre.
Le grenadier était l’incarnation de la vie qui
renait après la mort.
Citation de l’auteur : « Je
croyais que la vie et la mort étaient deux mondes différents, je sais
maintenant qu’elles sont étroitement unies, elles se sculptent l’une et l’autre,
l’une boit dans le verre de l’autre ; mon père le savait, le grenadier le
sait parfaitement aussi. »
« Mon
cœur est devenu une grenade desséchée. »
Ce livre pose aussi la question de comment échapper à son destin.
Il a beaucoup plu à l’ensemble des lecteurs, il montre
l’importance et le respect d’un rituel
autour de la mort et l’écriture est très poétique.